Redécoupage des circonscriptions fédérales de 2022

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La Société d'histoire de la Prairie-de-la-Magdeleine

Avis en lien avec la proposition no 114968 de modification du nom de la circonscription électorale de La Prairie pour y ajouter Atateken.

(Référence au concept de fraternité entre les êtres humains ou à un groupe de personnes ou nations partageant les mêmes valeurs).

Données archéologiques et historiques

Dans la partie est de la circonscription électorale, la butte du Vieux La Prairie serait occupée depuis au moins 3000 ans. Comme ailleurs dans la région de Montréal, on retrouve plus de traces du passage de groupes autochtones entre 4200 et 3000 ans avant aujourd'hui, puis entre 1500 et 650 avant aujourd'hui (500 à 1350 AD).

Mais contrairement à l'île de Montréal, les périodes plus récentes (1350 à 1600 AD) sont très peu représentées (aucun village n'a été retrouvé). Le secteur semble un lieu de passage, où on ne s'attarde que quelques jours, pour faire le portage reliant le fleuve Saint-Laurent à la rivière Richelieu ou pour des activités de subsistances saisonnières (chasse aux oiseaux migrateurs, pêche de certains poissons venant frayer, collecte de quenouilles pour faire des nasses, etc.).1

Le périmètre de La Prairie aurait été peu fréquenté par les Amérindiens au cours de deux derniers siècles de la période historique.

Les traces plus récentes de la présence autochtone à La Prairie datent de l'arrivée des Jésuites à La Prairie en 1667. Diverses populations amérindiennes seront à nouveau présentes à La Prairie durant la première décennie de l'ouverture de la seigneurie et de la mission jésuite. Elles habitent un petit village en bordure de la rivière Saint-Jacques à quelque distance du manoir seigneurial. On désignera l'endroit sous le toponyme de Kentake (prairie).

Toutefois, la cohabitation avec les colons français sera à l'origine de tant de difficultés qu'en 1676, les autochtones et la mission quitteront le bourg naissant pour s'installer plus à l'ouest sur les rives du Saint-Laurent. Après quelques déplacements, la mission Saint-François-Xavier occupera de façon permanente le site actuel de Kahnawake.

Toponymie

Il existe actuellement plus de 11 000 toponymes autochtones au Québec : Abénaquis, Algonquins, Attikameks, Cris, Hurons-Wendats, Naskapis. Les Mohawks sont concentrés dans le Québec méridional à proximité de Montréal. La majorité habite dans les communautés d'Akwesasne et de Kahnawake. Ils s'expriment surtout en anglais et dans la langue mohawk.

Bien que le territoire actuel de Kahnawake ne compte que pour 16 % de la superficie totale de la circonscription fédérale et que la population mohawk ne représente qu'à peine 7 % de la population totale du comté de La Prairie, nous considérons légitime que dans le contexte actuel la nouvelle appellation souligne la présence de Kahnawake dans la circonscription.

Cependant, nous nous interrogeons sur la pertinence de réemployer ici le mot Atateken alors que ce toponyme, qui représente un concept universel, est déjà utilisé à Montréal en remplacement de la rue Amherst. Compte tenu des données historiques, nous suggérons plutôt l'ajout du toponyme Kentake (prairie), lequel a l'avantage de mettre en relief le véritable lieu d'origine de l'actuelle agglomération de Kahnawake.

Gaétan Bourdages

Pour la Société d'histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine

Notes de bas de page

1 Frédéric Hottin, archéologue in Le patrimoine archéologique autochtone de la MRC de Roussillon. Au jour le jour, janvier 2022.

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