Commentaire 15 (Le 12 septembre 2022) – commentaires et rétroaction

Jean-Pierre Arcoragi

Discussion portant sur la frontière entre le comte de Laurier—Ste-Marie (LSM) et celui de Ville-Marie -- Le Sud-Ouest - L'Ile des Sœurs (VM)

Je me présente, mon nom est Jean-Pierre Arcoragi et j'habite dans les limites de l'actuel comte de LSM depuis près de 60 ans. De plus, j'ai été président de 1'Association fédérale libérale de LSM pendant environ 5 ans ce qui m'a permis de réfléchir à la pertinence des limites du comte actuel. Présentement, je n'occupe plus de position politique partisane et je me présente dons comme simple citoyen du comte.

Les limites d'un comte doivent avoir une pertinence historique et doivent également refléter une réalité politique contemporaine. Ici, j'argumenterai que les limites entre le comte de LSM et celui de VM ne représentent pas bien cette réalité.

Historiquement, VM est un comte riche et anglophone englobant le centre-ville de ce qui fut pendant longtemps la métropole du Canada alors que LSM est un comte de type classe ouvrière francophone centre a ses débuts, du moins dans sa partie sud, autour des activités économiques liées au Port de Montréal. La séparation historique entre ces deux réalités, souvent appelé les deux solitudes, était et est toujours le boulevard St-Laurent, artère qui divise Montréal depuis des siècles. Il faut donc se poser la question s'il est pertinent qu'une partie de LSM se retrouve à l'ouest du boulevard St-Laurent alors qu'un tentacule de VM qui longe le fleuve se prolonge jusqu'au pont Jacques-Cartier, privant LSM de sa fenêtre sur le fleuve ainsi qu'aux Iles Ste-Helene et Notre-Dame. Rappelons-nous que dans le passé les citoyens de l'actuel LSM traversaient le fleuve 1'hiver pour aller à Longueuil, le pont Jacques-Cartier ayant remplacé avantageusement le pont de glace aujourd'hui. La version française de l'hymne national dit bien que « le Canadien grandit au bord du fleuve géant » alors pourquoi priver LSM de son fleuve?

Je veux également aborder une autre réalité qui est d'actualité et présente un défi sérieux à notre démocratie. On sait que la démocratie américaine est en crise et qu'un parti, le Parti Républicain, remet en cause la légitimité du gouvernement fédéral actuel.

Malheureusement, et ici ii ne faut pas jouer à l'autruche, ces problèmes au sud de notre frontière tendent à déborder chez nous. Rappelons-nous 1'occupation récente de notre capitale par des camionneurs qui remettaient en question la légitimité même de notre gouvernement actuel. Un des outils utilisés pour biaiser les résultats démocratiques aux Etats-Unis est le gerrymandering, opération qui consiste à redéfinir les limites des districts électoraux en créant des excroissances tentaculaires qui augmentent les chances d'un parti de remporter les élections. Bien que je ne soupçonne pas de gerrymandering au Canada, il est clair que les limites entre LSM et VM pourraient être interprétées de cette façon. Rappelons-nous qu'au niveau de la justice et de la démocratie les apparences sont souvent aussi importantes que la réalité.

Est-ce que j'exagère? Récemment une connaissance m'a avoué qu'elle ne croirait pas aux résultats du scrutin qui se déroule présentement au Québec si son parti ne remportait pas les élections! Bien sûr, dans le passé, de nombreuses personnes remettaient souvent en question l'intégrité de nos politiciens mais jamais du processus électoral lui-même. C'est pourquoi je demande que les limites de nos comtes doivent présenter des formes compactes sans excroissances bizarres qui laisseraient planer le doute.