Redécoupage des circonscriptions fédérales de 2022

Audience publique Brandon, Manitoba (Victoria Inn) 8 septembre 2022 – 19 h

Liste des intervenants

La présidente (madame la juge Diana M. Cameron) : Bonsoir, tout le monde. Je déclare ouverte cette audience publique. Et bonjour, good evening, je m'appelle Diana Cameron et je suis juge à la Cour d'appel du Manitoba. Ce soir, cependant, je suis ici en ma qualité de présidente de la commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour la province du Manitoba.

Je crois que les deux personnes assises à côté de moi n'ont probablement pas besoin d'être présentées. Néanmoins, je vais commencer par vous présenter les deux autres membres de la commission : M. Paul Thomas, professeur émérite en études politiques à l'Université du Manitoba, et Mme Kelly Saunders, professeure agrégée de sciences politiques à l'Université de Brandon.

Nous sommes également accompagnés du secrétaire de la commission, M. Kevin Young, en chemise orange. C'est lui qui veille à ce que les travaux de la commission se déroulent rondement, à ce que tout soit en ordre et à ce qu'on reste dans les limites du mandat qui nous a été confié.

Nous avons également avec nous M. Eric Diotte, qui nous est prêté par le bureau d'Ottawa d'Élections Canada. Il est notre expert géographique et notre statisticien. C'est aussi lui qui nous assiste dans tous les aspects techniques et numériques du processus de cartographie. Ainsi, lorsque vous faites un exposé ou que vous nous remettez une carte, il nous explique ce dont il s'agit, ou bien il prend un mémoire et le transpose en carte pour nous. Donc, il nous est très, très utile – ces deux hommes nous sont très précieux, et je les remercie tous les deux.

Je tiens également à vous remercier d'être venus ici ce soir pour participer à ce très important processus démocratique. Et d'habitude, j'ai pas mal d'autres choses à dire, mais je crois comprendre que je suis en très brillante compagnie ce soir.

Donc, tout ce que je vais dire, c'est que nous avons nos principes directeurs. Vous les avez probablement lus dans notre proposition. Je ne les répéterai pas ici et maintenant, mais ils figurent en tout cas dans notre proposition.

Et c'est bien d'une « proposition » dont il s'agit. Elle n'est pas gravée dans la pierre. Nous sommes là pour écouter. Nous ne sommes, comme M. Thomas l'a dit hier, que trois personnes et nous ne connaissons pas toute la province, et c'est un fait que, dans le cas d'autres commissions, après les audiences publiques, les propositions ont été modifiées.

Donc, ce que nous allons faire maintenant, c'est commencer les exposés. Nous avons constaté que les meilleurs exposés sont ceux qui se limitent à environ 10 minutes. Notre secrétaire vous fera signe quand vous arriverez près de cette limite. Il vous permettra aussi de dépasser un peu, je suppose. Et la façon dont nous procédons avec les exposés, c'est que nous suivons l'ordre dans lequel les gens ont présenté des mémoires ou se sont inscrits. Donc, nous commençons avec le conseil municipal de Swan River, qui – très bien. Avancez, s'il vous plaît. N'hésitez pas à apporter une chaise pour vous asseoir et faire votre exposé.

Derek Poole : Non, je peux rester debout, si tout le monde m'entend.

Bonsoir, Mesdames et Monsieur les Commissaires. Je m'appelle Derek Poole et je suis le directeur municipal de la Ville de Swan River. Je tiens à vous remercier de me donner la parole ce soir.

La présidente : Oh, je voulais juste ajouter une chose que j'ai oublié de dire. Je m'excuse.

Ces audiences sont évidemment enregistrées et vous retrouverez la transcription des exposés qui sont faits devant la commission sur notre site Web.

Merci.

D. Poole : Parfait. Je ne prendrai pas 10 minutes, mais cela ne veut pas dire que ce que j'ai à dire n'est pas important.

Je suis donc ici pour représenter le maire et le conseil de la Ville de Swan River. Nous avons examiné la proposition de la commission visant à agrandir la circonscription de Churchill–Keewatinook Aski – je l'appellerai dorénavant la circonscription de CKA – et à l'étendre dans la vallée de la rivière Swan. Or, nous nous opposons à cette modification; nous proposons que les limites fédérales de notre circonscription restent inchangées pour les raisons suivantes.

Le déplacement proposé de la limite avec la circonscription de Dauphin–Swan River–Neepawa aurait pour effet de tracer une ligne traversant directement la vallée de la rivière Swan. Or, dans la vallée, nous avons notre propre identité. C'est une mosaïque sociale composée de collectivités contributrices, allant de Benito à la Nation crie de Sapotaweyak. Nous croyons que ce secteur ne devrait pas être divisé.

Les économies et les moyens de subsistance des municipalités rurales de Minitonas-Bowsman et de Mountain – ce sont les deux municipalités qu'il est proposé de séparer –, leurs moyens de subsistance et leurs économies, dis-je, reposent essentiellement sur l'agriculture, et ils ne correspondent donc pas exactement à ceux de la circonscription de CKA, où là l'économie repose principalement sur les ressources naturelles.

Pour ces collectivités, que l'on propose de rattacher à la circonscription de CKA, Swan River constitue une base à partir de laquelle notre député peut venir assister à des événements dans la vallée. Avec ce changement, ces collectivités vont perdre cette base, qui n'est qu'à 20 minutes. Désormais, ces résidents devront peut-être faire plus d'une heure de voiture pour assister à ces réunions, selon l'horaire du député, bien sûr.

Nous ne sommes pas convaincus que la députée du nord pourra fournir des services d'un niveau similaire à celui de notre député actuel et venir aussi souvent que lui à nos événements. Étant donné le côté peu pratique d'avoir à représenter une aussi grande région que la circonscription de CKA, nous estimons que le maintien des limites actuelles, dans le but de maintenir une représentation effective, devrait être sérieusement envisagé par la commission.

En ce qui concerne l'équité démographique souhaitée de plus ou moins 5 %, la commission a affirmé que nous devions explorer d'autres pistes plutôt que de simplement agrandir la circonscription de CKA. Nous pensons que le temps est venu d'explorer ces pistes. Nous ne croyons pas que ce problème va disparaître puisque la population va continuer à diminuer, et nous pensons que cette question se posera avec encore plus d'acuité dans 10 ans, lors du prochain redécoupage.

Et je veux juste ajouter que notre position a reçu l'appui des municipalités de la circonscription de Swan River–Dauphin et également celui des municipalités que la commission propose de séparer de la vallée de la rivière Swan, c'est-à-dire les municipalités rurales de Mountain et de Minitonas-Bowsman. Le chef Nelson Genaille de la Nation crie de Sapotaweyak et le chef Elwood Zastre de la Première Nation crie de Wuskwi Sipihk appuient également notre position d'opposition.

Merci.

J'aurais quelques documents à remettre à la commission, si c'est permis.

La présidente : Oui.

Excusez-moi, pourriez-vous nous rappeler quelles Premières Nations sont d'accord avec votre opposition?

D. Poole : Il s'agit de la Nation crie de Sapotaweyak et de la Première Nation crie de Wuskwi Sipihk, qui, lors d'échanges avec leurs chefs, ont également mentionné qu'elles n'étaient pas très heureuses que cette division imposée par le gouvernement les éloigne encore davantage du Traité no 4.

La présidente : Cela figure-t-il dans les documents que vous nous avez remis?

D. Poole : Non, c'était seulement dans mon exposé.

La présidente : D'accord.

D. Poole : Juste une communication à la commission par l'intermédiaire de conversations avec le chef Zastre et le chef Genaille.

La présidente : D'accord. Merci.

D. Poole : Merci.

La présidente : Avez-vous des questions? Quelqu'un voulait-il clarifier quelque chose?

Bien. Notre prochain intervenant est Larry Maguire.

Larry Maguire : Merci, Madame la Juge, Madame et Monsieur les Commissaires.

Je suis vraiment heureux d'être ici ce soir, en ce triste jour de décès de notre reine au Canada, de notre souveraine. C'est une triste journée pour le Canada, mais je vous remercie d'être venus quand même ici à Brandon ce soir pour poursuivre le travail de délimitation des circonscriptions électorales, car il s'agit là d'un rouage important de notre démocratie et c'est ainsi que nous devons, je pense, continuer à aller de l'avant. Il y aura suffisamment de jours de commémoration au cours des prochaines semaines pour gérer la situation entourant la mort de la reine Elizabeth II, j'en suis sûr. Et je ne soulève cette question que parce que beaucoup de choses, beaucoup d'emplois du temps ont déjà été modifiés. Alors, merci d'être là ce soir.

Mais d'abord et avant tout, je veux vous remercier pour le travail que vous avez déjà accompli dans le redécoupage des circonscriptions en rédigeant ces propositions. Je disais tout à l'heure à M. Thomas que ces révisions se font tous les 10 ans et qu'elles ne sont pas faciles à faire. Je vous en remercie donc.

J'ai ici quelques notes, mais j'ai aussi quelques remarques plus officielles que je vais simplement passer en revue avec vous.

Et donc, je veux vous remercier, comme les autres l'ont fait, de me donner l'occasion de faire quelques suggestions, car je suis le député de Brandon–Souris, et je veux examiner quelques ébauches de propositions pour la circonscription que je représente. Et comme l'indique le site Web de la commission, vous n'avez trouvé aucune raison de ne pas suivre le précédent et le principe de l'écart de population de plus ou moins 5 % de la moyenne provinciale, qui s'établit maintenant à 95 868 personnes.

(13:10)

Comme Churchill–Keewatinook Aski était la seule circonscription à avoir vu sa population totale diminuer lors du dernier recensement et que la population moyenne des circonscriptions provinciales a augmenté dans les 10 dernières années, cette circonscription a maintenant un écart de 15,24 % par rapport à la moyenne.

Ainsi, en raison de sa perte de population et de la décision de la commission de maintenir le précédent, le projet de proposition recommande que Churchill–Keewatinook Aski englobe désormais des municipalités situées du côté ouest de la province.

Par conséquent, Dauphin–Swan River–Neepawa perd les municipalités rurales de Mountain et de Minitonas-Bowsman, et, plus au sud, comprend désormais toute la municipalité rurale de Wallace-Woodworth, la ville de Virden, Norfolk Treherne et la Première Nation de Long Plain.

Donc, en consultation avec mon collègue Dan Mazier, député de Dauphin–Swan River–Neepawa (et après ma conversation avec Mme Niki Ashton également, députée de Churchill–Keewatinook Aski), le député Mazier et moi-même avons soumis une lettre à votre commission. Nous y recommandions que, conformément à la loi qui fixe les paramètres des travaux de la commission, il soit envisagé de faire en sorte que Churchill–Keewatinook Aski s'écarte de la moyenne provinciale.

Nos arguments sont basés sur le paragraphe 15(2) de la Loi sur la révision des limites des circonscriptions électorales. Celui-ci stipule que dans une province, la commission peut déroger au principe énoncé à l'alinéa 15(1)a) chaque fois que cela lui paraît nécessaire ou souhaitable a) pour prendre en considération la communauté d'intérêts ou la spécificité d'une circonscription électorale ou son évolution historique, et b) pour que la superficie des circonscriptions dans les régions peu peuplées, rurales ou septentrionales de la province ne soit pas trop vaste.

Depuis lors, les commissions pour la Saskatchewan et l'Ontario ont publié leurs projets de propositions. Et j'aimerais attirer votre attention sur les deux circonscriptions qui bordent Churchill–Keewatinook Aski, lesquelles lui sont très semblables à tous points de vue, et vous montrer comment les propositions s'écartent considérablement des moyennes provinciales.

En Saskatchewan, la commission propose que la population de la circonscription septentrionale de Desnethé–Missinippi–Rivière Churchill s'écarte de moins 45,72 % de la moyenne, ce qui donne une population de 45 524 habitants.

Comme elle le dit dans sa justification, je cite : « la Commission fait remarquer que la vaste superficie de Desnethé–Missinippi–Rivière Churchill, conjuguée à sa diversité culturelle et linguistique, pourrait être considérée comme des circonstances extraordinaires justifiant un écart de -43,72 % par rapport au quotient. Même avec la modification proposée de sa superficie, Desnethé–Missinippi–Rivière Churchill occupe 50 % du territoire de la province et elle est 5,1 fois plus grande que Kindersley–Rosetown, la deuxième plus grande circonscription » en Saskatchewan.

En Ontario, la commission a accordé le statut de « circonstances extraordinaires » à la circonscription proposée de Kiiwetinoong–Mushkegowuk, qui est directement à l'est de Churchill–Keewatinook Aski.

La commission ontarienne propose la création de cette circonscription d'une population de 36 325 habitants, laquelle s'écarte de la moyenne provinciale de 68,84 %. « La Commission a conclu que la faible densité de population dans cette région éloignée et vaste ainsi que les communautés d'intérêts autochtones qui prédominent dans cette partie du Nord de l'Ontario justifiaient de proposer cette unique circonscription délimitée en tenant compte de circonstances extraordinaires ».

Compte tenu de tout cela, la circonscription actuelle de Churchill–Keewatinook Aski ne s'écarte que de 15,24 % de la moyenne, ce qui est beaucoup moins que ce que les commissions pour l'Ontario et la Saskatchewan proposent pour leurs circonscriptions septentrionales.

J'aimerais également souligner le fait que Churchill–Keewatinook Aski est la seule circonscription du Manitoba où la population totale a diminué depuis le dernier recensement. Rien n'indique que la tendance s'inversera dans les années à venir. Comme la population du Manitoba continue de croître dans les municipalités du sud, j'estime bien humblement qu'il vaut mieux maintenant permettre à Churchill–Keewatinook Aski de s'écarter de la moyenne, en raison de son impact sur d'autres collectivités, dont je parlerai dans quelques instants.

Inévitablement, la prochaine commission lui accordera cette concession, car si la superficie de la circonscription s'accroît encore, alors qu'elle est déjà plus grande que celle de certains pays, il sera pratiquement impossible pour son député de bien servir les électeurs.

Par ailleurs, si la circonscription s'étend plus au sud, elle intégrera des collectivités agricoles, qui n'ont aucun lien avec le Nord.

La raison pour laquelle j'ai souligné ces points, c'est pour montrer l'impact que cela a sur Brandon–Souris et Dauphin–Swan River–Neepawa. L'augmentation de la superficie de Churchill–Keewatinook Aski a un effet d'entraînement, et c'est pour cela que l'on propose de mettre la ville de Virden et l'ancienne municipalité rurale de Wallace dans Dauphin–Swan River–Neepawa.

J'ai parlé avec ces deux municipalités; elles ont également exprimé le désir de rester dans Brandon–Souris en raison des liens historiques et économiques et des nombreux autres liens qui unissent les deux municipalités à leurs voisines du sud et de l'est. Depuis 1896, ces collectivités font partie de la même circonscription que la ville de Brandon. Cela fait donc plus de 126 ans, ce qui, je dirais, a très bien servi notre région.

Je sais que les deux municipalités vont présenter leurs propres arguments, mais je voudrais simplement vous présenter certaines de mes réflexions. Retirer Virden et ses environs de la circonscription où se trouvent les villes de Pipestone, Reston, Oak Lake, Cromer et Sinclair entraînera le fractionnement de nos zones commerciales économiques naturelles. Cela diviserait les nombreuses entreprises de services pétroliers qui desservent la plupart des puits de pétrole et des sites de services dans le sud. Cela ferait en sorte qu'un nombre important de personnes se retrouveraient à travailler et à vivre dans des circonscriptions fédérales distinctes.

Il en résulterait que de nombreux élèves vivraient dans une circonscription fédérale et fréquenteraient une école dans une autre circonscription, et que la Première Nation de Canupawakpa Dakota serait séparée de la ville de Virden, lesquelles ont pourtant leurs propres liens historiques et intérêts économiques.

J'ai parlé avec des leaders communautaires locaux et des électeurs ordinaires qui vivent dans la ville de Virden et dans l'ancienne municipalité rurale de Wallace, mais je n'ai encore trouvé personne qui croit que sa collectivité devrait faire partie de Dauphin–Swan River–Neepawa.

En terminant, je sais que la commission a dû faire des choix difficiles en raison de l'augmentation de la superficie de Churchill–Keewatinook Aski. Je crois qu'il y a suffisamment d'exemples qui montrent que la commission peut désormais rompre avec le précédent et se permettre de s'écarter de la moyenne provinciale. Si on ne regarde que ce qui se passe dans les circonscriptions du nord de la Saskatchewan et de l'Ontario, on voit que leurs commissions ont pris la décision de leur donner une marge de manœuvre considérable en matière de population, beaucoup plus importante même que ce que je propose ici aujourd'hui.

Je crois aussi que vous trouverez des inquiétudes chez quelques-unes des municipalités de Dauphin–Swan River–Neepawa, qui ne veulent pas changer de circonscription et diviser les communautés d'intérêts. Ce sont principalement des économies agricoles et agraires.

Alors, merci encore une fois pour votre temps et j'espère que les commentaires que j'ai fournis aujourd'hui vous aideront dans vos délibérations.

La présidente : Y a-t-il quelque chose… des questions?

M. Paul Thomas : Je me demandais simplement, Monsieur Maguire, si vous aviez une copie des notes dont vous vous êtes servi aujourd'hui. Cela nous serait très utile. Nous aurons la transcription de l'audience, bien sûr, mais probablement pas–

L. Maguire : Je peux vous donner la seule copie que j'ai, certainement. Je pourrai en obtenir une autre.

M. Thomas : D'accord. Eh bien, merci beaucoup. Où est notre super-secrétaire? Pourriez-vous en faire une copie, puis rendre ses notes à M. Maguire?

L. Maguire : Oh, je peux facilement m'en procurer une autre copie.

M. Thomas : Ah, d'accord.

La présidente : D'accord. Merci beaucoup. C'était un exposé très clair et concis. Nous vous en remercions.

Merci.

Murray Wright : Bonsoir. Merci beaucoup de la possibilité que vous me donnez ce soir d'exprimer nos inquiétudes concernant les modifications des limites. Notre conseil et moi-même sommes très inquiets de ces modifications que –[interjection]

La présidente : Lorsque vous dites « notre conseil », Monsieur Wright, vous parlez de…

M. Wright : Du conseil municipal de Virden, notre conseil municipal.

La présidente : Merci. D'accord.

M. Wright : – que propose la commission de délimitation des circonscriptions fédérales, en particulier le transfert de la ville de Virden de la circonscription de Brandon–Souris à celle de Dauphin–Swan River–Neepawa. Comme M. Maguire – excusez-moi – vient de le dire, la ville de Virden et la municipalité environnante de Wallace-Woodworth font partie de la circonscription depuis environ 120 ans. Dans cette circonscription, il existe des liens historiques profonds qui relient chacune des collectivités, et elles n'ont pas le même genre de lien avec celles situées au nord de Virden.

Virden est un pôle d'attraction pour la région; en effet, les résidents des collectivités environnantes de la circonscription de Brandon–Souris, telles que Pipestone, Reston, Kola, Oak Lake, Elkhorn et même Brandon viennent travailler à Virden et y assister à des activités et événements culturels et récréatifs. C'est également principalement là qu'ils vont pour obtenir des services.

L'hôpital de Virden est le principal établissement de santé de la région, et les patients qui consultent les deux médecins de la clinique de Virden viennent de toute la circonscription. Les élèves qui résident dans la municipalité rurale de Wallace-Woodworth, à Pipestone, à Sifton et dans la Première Nation de Canupawakpa Dakota fréquentent l'école à Virden, ce qui en fait un creuset également pour les jeunes de notre collectivité. De nombreuses entreprises, principalement dans les secteurs pétrolier et agricole, ont leur siège à Virden. Ces entreprises desservent chaque industrie dans la circonscription. L'industrie pétrolière, qui est principalement basée dans la région de Brandon–Souris, singularise quelque peu notre région, puisqu'elle vient avec son lot de difficultés et de possibilités qui sont différentes de celles des autres régions.

Tout cela étant dit, nous croyons comprendre que les députés des circonscriptions de Brandon–Souris et de Dauphin–Swan River–Neepawa sont d'accord pour dire que Virden devrait rester dans la circonscription de Brandon–Souris. Notre conseil et notre collectivité espèrent que ce sera le cas.

Au nom de notre conseil, de la Ville de Virden, j'espère que vous examinerez avec sérieux notre demande.

Merci.

Avez-vous des questions?

Et vous avez le texte de mon exposé dans cette enveloppe qui est là devant vous, n'est-ce pas?

La présidente : Dans l'enveloppe? Ah d'accord. Merci beaucoup. Merci. Merci.

Donc, c'est tout pour les personnes qui étaient inscrites pour prendre la parole ce soir, mais comme nous l'avons fait à l'autre séance, s'il y a quelqu'un d'autre dans la salle qui veut venir dire quelques mots au micro même s'il ne s'est pas inscrit, c'est possible de le faire.

Clayton Canart : Je pense – je m'excuse, je – nous étions censés nous inscrire, mais peut-être que cela n'a jamais été fait.

Donc, je m'appelle Clayton Canart, je suis le préfet de la municipalité de Wallace-Woodworth. Je m'excuse si notre inscription ne vous est jamais parvenue. Il y a beaucoup de choses que j'aimerais aborder qui ont déjà été traitées par M. Maguire et le maire Wright, mais quand je lis, vous savez, vos principes – vos principes directeurs, il y a quelques points sur lesquels nous sommes d'accord : à Wallace-Woodworth, nous aimerions rester dans –

Bon, je devrais commencer par expliquer la situation : nous sommes actuellement, notre municipalité est répartie dans deux circonscriptions. À cause de la fusion, nous avons une partie de la municipalité dans Dauphin–Swan River et l'autre dans Brandon–Souris. Nous aimerions conserver le statu quo, mais si ce n'est pas possible, nous serions disposés à transférer la partie qui est dans Dauphin–Swan River vers Brandon–Souris.

Et je vais vous expliquer pourquoi. D'abord (encore une fois, comme Larry l'a dit), nous avons 126 ans d'histoire commune avec Brandon–Souris. Ensuite, nos routes commerciales, faute d'un meilleur terme, vont plus d'est en ouest et vers le sud, pour notre industrie et notre agriculture. Nous partageons avec le sud une agriculture et une industrie communes, centrées sur le secteur pétrolier, qui est un contributeur majeur et un moteur économique pour notre région. En plus, nous avons créé, avec la ville de Virden et la municipalité de Pipestone, le partenariat pour le développement du comté de Dennis; nos trois administrations essaient d'encourager et de promouvoir –

La présidente : Excusez-moi, comment vous dites?

C. Canart : Le partenariat pour le développement du comté de Dennis, en abrégé le DCDP; nous l'avons créé pour essayer d'encourager et de promouvoir le développement économique et la croissance dans la région. Les modifications des limites électorales nous sépareraient de Pipestone. Virden et nous, je suppose.

Nous avons également, dans les dernières années, mis sur pied ce qu'on appelle le groupe du caucus de l'ouest, qui est un regroupement de municipalités du sud ou du sud-ouest du Manitoba qui ont également une industrie et une agriculture communes. Nous avons donc créé ce groupe qui préconise des valeurs et des objectifs similaires pour notre région, et encore une fois, la nouvelle délimitation nous mettrait, ou mettrait notre municipalité, en dehors de ce regroupement.

Pour l'emploi : l'un des plus grands employeurs de notre région est une société pétrolière et gazière, Tundra Oil & Gas, et la plupart de ses emplois se trouvent dans le sud; son siège dans la région est à Virden et ce siège se retrouverait donc dans une autre circonscription que celle où elle exerce la majeure partie de ses activités dans la province. Donc, la plupart, et je dirais, la majorité, des travailleurs se déplacent vers le sud pour travailler.

Et donc, vos principes directeurs sont la géographie et l'histoire de la collectivité, et je pense que 126 ans d'appartenance à Brandon–Souris, c'est un message fort qui explique en grande partie pourquoi nous pensons que l'histoire de notre collectivité correspond à ces principes directeurs. Comme je l'ai dit, le secteur pétrolier constitue une grande partie de? l'agriculture et le secteur pétrolier sont devenus une partie importante de notre municipalité – et de la ville de Virden, que notre municipalité entoure d'ailleurs. Donc, nous retirer – nous déplacer vers le nord nous séparerait en quelque sorte des intérêts communs que nous avons et des intérêts communautaires actuels. Et en ce qui concerne la géographie, Larry l'a également mentionné, mais dans vos principes directeurs, vous dites que les circonscriptions des régions rurales et nordiques peu peuplées de la province doivent avoir une superficie gérable.

Or, je ne sais pas si l'un d'entre vous a déjà eu le plaisir de travailler en tant qu'élu, mais lorsque je regarde la carte et les commentaires sur Dauphin–Swan River… Pour Swan River, je n'ose pas imaginer ce que ce sera pour le député de cette circonscription de gérer une zone géographique supplémentaire, non seulement en raison de la superficie, mais aussi de l'isolement d'une grande partie de cette zone. Il est impossible de se rendre en voiture dans bon nombre des régions que ce député représenterait; il faut y aller en train, en avion ou sur une route de glace. Je sais que dans ma municipalité, c'est une zone géographique assez vaste par rapport aux normes municipales, et il est difficile de se rendre dans toutes les localités.

Donc, je pense que l'augmentation de la superficie de cette circonscription, pour son député, quel qu'il soit, c'est, en un sens, injuste envers cette circonscription. Je ne crois pas qu'il puisse bien la représenter. Je pense que la zone géographique sera probablement – j'essaie de penser aux mots qui exprimeraient exactement ma pensée, mais – donc, dans vos principes directeurs, il est dit que vous êtes censés traiter de la parité du pouvoir électoral – c'est vraiment ça l'objectif. Je crois que la représentation est également importante. Et je ne pense pas que le député, si vous agrandissez sa circonscription, puisse représenter équitablement les électeurs qu'il est censé représenter.

L'autre chose qui va arriver avec notre municipalité, c'est que nous aurons en fait une division scolaire qui sera scindée : la division scolaire de Fort-la-Bosse serait en effet répartie dans deux circonscriptions différentes parce que les écoles de la municipalité de Pipestone font partie de la division scolaire de Fort-la-Bosse, donc on les mettrait en fait dans une circonscription distincte.

Donc, le point de vue de Wallace-Woodworth, c'est que nous aimerions rester avec Brandon–Souris. Nous conserverions le statu quo, avec une municipalité divisée dans Dauphin–Swan River, ou nous serions ouverts à transférer toute la municipalité vers le sud pour rester dans Dauphin ou dans Brandon–Souris.

So, from the Wallace-Woodworth standpoint, we would like to stay with Brandon-Souris. We would stay status quo with–split municipality within Dauphin-Swan River or we would be open to moving the entire munici-pality to the south to stay within Dauphin–or within Brandon-Souris.

Merci

La présidente : Merci.

Y a-t-il quelqu'un d'autre qui aimerait prendre la parole ce soir? Non?

D'accord, je ne sais pas si mes commissaires – les commissaires aimeraient avoir – dire quelque chose avant que nous terminions?

M. Thomas : Peut-être juste une observation.

Il y a toujours des changements qui se produisent dans la population; sur 10 ans, beaucoup de choses peuvent changer, et cela nous oblige à modifier les limites, évidemment.

Mais la Loi demande aussi aux commissions (et il ne faut pas oublier que chaque commission provinciale est indépendante) de trouver un équilibre entre une série de facteurs, dont l'un est la continuité des limites, et nous en avons tenu compte.

Si on veut être cynique, on peut dire que c'est parce que les députés ont plus de facilité à faire campagne sur le même territoire d'une élection à l'autre. Mais nous avons adopté une vision plus positive en nous disant que les relations de représentation se développent au fil du temps, et qu'un député qui a servi pendant une ou deux décennies, ou quelque chose comme ça, connaîtra intimement la collectivité et l'économie de la circonscription, les représentants de la collectivité locale, les gens de la division scolaire; tous ces types de relations sont importants.

Donc, si l'autre critère est la représentation effective, il ne faut pas apporter de changements trop radicaux aux circonscriptions. En contrepartie, les décisions des tribunaux et l'équité en termes de parité électorale nous poussent à ne pas aller trop loin : il ne faut pas qu'il y ait un écart trop important entre le nombre de votes requis pour élire un député dans une partie de la province et combien il en faut pour être élu dans une autre partie de la province. Et nous avons eu, lors de notre audience à Winnipeg, quelques intervenants qui se sont prononcés en faveur d'un seuil de tolérance strict de 5 % au-dessus et au-dessous de la moyenne provinciale.

C'est donc un exercice d'équilibre très ardu, et je veux juste dire que nous avons entendu des choses très intéressantes ici, une connaissance approfondie de la région que nous ne pourrons jamais posséder, et donc je pense que c'est très utile pour nous. Lorsqu'on fait une proposition, on espère obtenir des commentaires constructifs, et je pense que vous nous avez donné des réponses constructives; vous ne vous êtes pas contentés de dire : « vous avez tout gâché; retournez faire vos devoirs ». Ça ne nous aiderait pas beaucoup. Nous avons passé suffisamment de temps enfermés et nous devons maintenant repenser certaines des choses auxquelles nous avons réfléchi, alors je vous remercie de vos commentaires.

Mme Kelly Saunders  : Oui. Non, je veux juste faire écho à cela et dire merci beaucoup à vous tous. Toutes vos idées étaient longuement mûries et très constructives; nous vous avons entendus et nous allons certainement tenir compte de ce que vous aviez à dire lorsque nous reverrons nos propositions.

La présidente : Et je – mes deux collègues commissaires et moi-même voulons juste vous dire merci. Pour ma part, j'ai certainement beaucoup appris ce soir et nous apprécions vraiment les commentaires constructifs que vous nous avez donnés. Merci. Ils ont été très utiles.

C. Canart : Puis-je poser une question?

La présidente : Bien sûr.

C. Canart : Tout d'abord, j'ai oublié de vous remercier d'avoir accepté de faire partie de la commission. Ce n'est pas un travail facile parce que ça ne va jamais – nous savons ce que c'est, je suppose, de prendre des décisions et ensuite d'être remis en question.

Mais j'ai juste une question concernant la population d'électeurs inscrits, parce que quand j'ai regardé les statistiques précédentes, juste par curiosité, pour Brandon–Souris, Dauphin–Swan River–Neepawa et Churchill, j'ai constaté que les populations totales étaient très semblables, mais qu'il y avait une différence assez importante dans le nombre d'électeurs inscrits. Donc, si on déplace les limites simplement pour avoir des populations totales semblables, il se peut qu'on n'ait pas plus de parité électorale parce que le nombre d'électeurs inscrits, lui, peut ne pas être égal – par exemple, vous pouvez avoir 100 000 habitants dans chaque circonscription; mais si l'une d'entre elles a 10 000 électeurs inscrits et les autres 90 000 chacune, vous n'avez pas vraiment créé de parité.

Donc, je suis juste curieux de savoir comment vous voyez cela.

La présidente : Oui. C'est la loi qui nous impose cette façon de faire.

C. Canart : D'accord.

La présidente : Nous n'y pouvons rien, c'est ainsi que le quotient est déterminé et c'est une loi fédérale. Cela a été porté à notre attention hier soir lors des audiences de Winnipeg par un membre d'une des communautés qui se trouvent dans le quartier universitaire, où vit, selon lui, une grande partie de sa communauté, la communauté chinoise. Il a dit qu'ils n'étaient pas des électeurs inscrits, mais qu'on allait les séparer et qu'il ne comprenait pas vraiment pourquoi, parce qu'ils n'avaient pas le droit de vote de toute façon et qu'ils ne voulaient pas voter parce qu'ils allaient faire autre chose. Mais c'est une observation qui nous a vraiment fait réfléchir.

M. Thomas : Oui. Nous travaillons avec les chiffres du recensement : ce n'est pas la même chose que le nombre d'électeurs inscrits. Et puis les gens qui vont effectivement voter, ça c'est un chiffre encore plus petit, et donc les députés, quand ils disent qu'ils représentent la population, ils ne représentent en fait qu'une partie des électeurs inscrits, et donc les chiffres peuvent prêter à confusion, je pense, et donc évidemment, ce ne sont même pas toutes les personnes qui sont dans le recensement qui ont le droit de vote, alors…

C. Canart : Voilà, c'était un peu ça, la question que je me posais, parce qu'on dirait presque que c'est une de ces choses qu'on fait pour se donner bonne conscience. On a l'impression d'avoir fait un bon boulot parce qu'il y a 100 000 personnes dans chaque circonscription, mais en fin de compte, la parité électorale n'est en fait pas différente de ce qu'elle était avant parce que le nombre d'électeurs inscrits, c'est vraiment là que se trouve le pouvoir électoral, n'est-ce pas? Désolé, c'était juste une question que je me posais et – merci.

La présidente : Quelqu'un d'autre souhaite poser une question ou a un commentaire à faire? Non? Bon. Très bien.

Merci.

C. Canart : J'ajouterais que vous m'avez fait du bien ce soir parce que vous avez dit que vous étiez en brillante compagnie, vous disiez donc que nous, ceux qui étaient assis dans la salle, nous étions brillants. Je me sens plutôt bien dans ma peau aujourd'hui.

Alors merci beaucoup.

Fin de l'audience.