Redécoupage des circonscriptions fédérales de 2022

Audience publique Winnipeg, Manitoba (audience virtuelle) 20 septembre 2022 – 19 h

Liste des intervenants

La présidente (madame la juge Diana M. Cameron) : Je m'appelle Diana Cameron, et je suis juge à la Cour d'appel du Manitoba. Ce soir, cependant, je suis ici en ma qualité de présidente de la commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour la province du Manitoba.

Je vais commencer par vous présenter les deux autres membres de la commission : M. Paul Thomas, professeur émérite en études politiques à l'Université du Manitoba, et Mme Kelly Saunders, professeure agrégée de sciences politiques à l'Université de Brandon.

Nous sommes également accompagnés ce soir du secrétaire de la commission, M. Kevin Young. C'est lui qui veille à ce que les travaux de la commission se déroulent rondement, à ce que tout soit en ordre et à ce qu'on reste dans les limites du mandat qui nous a été confié.

Nous avons également avec nous Eric Diotte, qui nous est prêté par le bureau d'Ottawa d'Élections Canada. Il est notre expert géographique et notre statisticien. C'est aussi lui qui nous assiste dans tous les aspects techniques et numériques du processus de cartographie.

Nous apprécions grandement l'expertise de chacun d'eux et les remercions pour leur aide précieuse.

Mais je tiens également à vous remercier tous ici ce soir pour votre participation à cet important processus démocratique.

Cette commission est indépendante et impartiale. Nous tirons notre mandat de la Loi sur la révision des limites des circonscriptions électorales. L'exercice doit rester non partisan. Bien que nous résistions à toute tentative de manipulation des circonscriptions visant à favoriser un parti politique plutôt qu'un autre, nous encourageons la participation de tous, y compris des députés, dont la contribution est précieuse – excusez-moi.

Je suppose que vous avez lu notre proposition. J'aimerais souligner qu'elle n'est pas gravée dans la pierre. Ce n'est pas notre rapport final. Nous étudierons toutes les suggestions et les examinerons ensuite dans leur ensemble. On le sait, pour modifier une circonscription électorale, il faut forcément en modifier une autre. Lorsque c'est un changement majeur qui est apporté, souvent ce changement frappe de proche en proche les autres circonscriptions. Aussi devrons-nous examiner l'effet cumulatif de ce qui est proposé.

À la suite des audiences publiques, la commission préparera et publiera son rapport final qui présentera les nouvelles limites des circonscriptions et les éventuels nouveaux noms de circonscription.

Alors, ce soir, notre rôle est d'écouter, pas de dialoguer ou de débattre avec vous. Si nous ne sommes pas sûrs de bien comprendre ou ne savons pas exactement ce qu'un intervenant propose, nous demanderons des éclaircissements.

Nous avons reçu, je pense, 12 demandes de prise de parole ce soir. Les limites de temps permettent à chacun d'avoir la possibilité de s'exprimer. Par conséquent, je demanderai que la présentation de chacun ne dépasse pas 10 minutes. Si vous estimez que vous n'êtes pas en mesure de nous présenter toute l'information que vous vouliez dans le temps imparti, nous vous demandons de nous fournir toute information supplémentaire par écrit dans les 10 jours suivant l'audience.

Pour ceux qui ont eu la gentillesse de nous transmettre un mémoire, je tiens à vous assurer que nous les avons lus et que nous en avons une copie. S'ils ne s'y trouvent pas déjà, ils seront mis en ligne sur notre site Web.

Sachez également que toutes les audiences publiques sont enregistrées sur bande audio; ces enregistrements seront mis à disposition sur le site Web, avec leur transcription, pendant la durée des travaux de la commission. Tous les mémoires transmis à la commission seront mis en ligne, qu'un exposé ait été fait ou non.

Je voudrais juste prendre un instant pour expliquer la technologie. Les membres de la commission sont dans une salle de réunion virtuelle. Les intervenants et les observateurs, eux, sont dans un webinaire. L'ordre des intervenants est déterminé par l'ordre dans lequel nous avons reçu l'avis de leur intention de faire un exposé.

Je vais dire le nom de l'intervenant dont c'est le tour et notre technicien placera cette personne dans la salle de réunion avec nous pour la durée de son exposé. S'il reste du temps, nous pourrons, à notre discrétion, entendre les personnes présentes qui n'ont pas encore fait d'exposé ou qui ne s'étaient pas inscrites. Si c'est votre cas, veuillez lever la main virtuellement avant la fin de la réunion.

J'encourage tous les intervenants à porter un casque d'écoute s'ils en ont un. Les casques nous aident à bien transcrire ce qui est dit dans les exposés. Ils seront d'ailleurs requis à notre rencontre du 22 septembre afin de faciliter l'interprétation simultanée pendant l'audience.

Donc, cela dit, je commencerais par notre première personne, Yves Hacault, que je ne vois pas ici dans la réunion, donc je vais passer à la deuxième personne pour l'instant, c'est-à-dire Daniel Blaikie.

Daniel Blaikie : D'accord.

Est-ce que mon micro fonctionne? Vous m'entendez?

La présidente : Monsieur Blaikie?

Êtes-vous prêt à faire votre exposé, Monsieur?

D. Blaikie : Oui, merci. Vous m'entendez bien?

La présidente : Oui, on vous entend.

D. Blaikie : D'accord, je commence.

Bon, tout d'abord, je voudrais juste commencer par remercier tous les membres de la commission pour leur travail. Je sais que c'est un travail difficile et qu'il n'est pas facile de plaire à tout le monde. Je vous remercie donc du travail que vous avez fait et du travail que vous ferez d'ici à votre rapport final.

Et je voulais juste offrir, puisque je représente la région depuis environ sept ans maintenant, quelques réflexions sur les changements proposés. En particulier, lorsque j'examine ce qu'il est proposé d'inclure dans la circonscription, du point de vue de la municipalité rurale de Springfield, je remarque que – je veux dire, je pense que l'une des caractéristiques d'Elmwood–Transcona depuis un certain temps maintenant, c'est qu'il s'agit d'une circonscription singulièrement urbaine. Il s'agit donc là d'un changement important quant au genre de circonscription que serait Elmwood–Transcona.

C'est un changement qui ne semble pas ajouter beaucoup d'habitants, mais il faudra quand même que le député entretienne des relations avec au moins deux autres conseillers municipaux de l'extérieur de Winnipeg, ce qui ne fait actuellement pas partie de son travail. Il faudra aussi demeurer en contact avec un autre membre de l'Assemblée législative pour cette région.

Et cela signifie également que là où il y a eu des frictions – et il y en a eu entre la partie de la municipalité rurale de Springfield qui se trouve dans les limites de la ville de Winnipeg et les résidents qui vivent à proximité de cette partie de la municipalité rurale –, il y a parfois eu des antagonismes lorsque cette zone largement industrielle de la municipalité rurale de Springfield – soit de nouveaux aménagements dans cette zone, des aménagements commerciaux, industriels, soit un changement de pratique pour l'industrie existante dans cette zone. Et cela a été – je pense que cela a bien servi les résidents d'avoir quelqu'un qui représente la zone où les gens vivent sans se sentir obligé, dirons-nous, envers cette zone commerciale ou de devoir représenter la zone elle-même.

Comme je l'ai dit, il n'y aurait pas beaucoup plus de résidents avec la modification des limites qui est proposée, mais elle ajouterait une bonne quantité de travail administratif, je pense, pour que le député soit en mesure de bien représenter l'ensemble de la circonscription. Et dans certains cas, ce sera plus difficile lorsqu'il y aura des points de discorde entre la municipalité rurale de Springfield et les résidents de Winnipeg qui vivent directement à côté de cette zone industrielle, dans la municipalité rurale. Voilà, je voulais faire part de cette problématique à la commission dans le cadre de ses travaux.

De même, je pense que, vous savez, ajouter le secteur d'East Mint, alors qu'il est assez éloigné de la circonscription actuelle d'Elmwood–Transcona... Il enjambe une limite ferroviaire. Il comprend, concernant le député provincial, je crois que c'est le député de Southdale qui représente cette partie de la ville. Cela voudraitdire qu'il faudrait traiter avec un énième conseiller municipal pour les dossiers de ce secteur. Je pense donc que, vous savez, si vous comparez cela à Harbour View South, qui est représenté par le même conseiller municipal, il est aussi représenté par le même député provincial.

Je crains que cela n'ait pour effet de transformer cette belle petite circonscription, qui est plutôt rare sur la carte électorale, en partie à cause de la difficulté du genre de travail que l'on demande à des gens comme vous, à la commission, de faire. Mais je pense qu'Elmwood–Transcona, et Winnipeg–Transcona avant elle, avait réussi à être une belle petite circonscription urbaine avec des liens solides entre les collectivités qui sont représentées, et je pense que cette proposition remet en question ce genre d'intégrité historique de la circonscription.

Voilà, je voulais juste vous proposer ces quelques réflexions importantes à prendre en considération dans vos délibérations. Et je vous remercie beaucoup de m'avoir accordé le temps de le faire et la possibilité de le faire à distance, dois-je ajouter, car je suis actuellement à Ottawa. Donc, je vous remercie à la fois pour cette flexibilité dont vous faites preuve et pour votre temps.

Merci beaucoup.

La présidente : Merci.

Alors, la prochaine personne que j'ai sur la liste est Tracy Schmidt. Je ne sais pas si Tracy Schmidt est présente à la réunion.

Tracy Schmidt : Bonsoir.

La présidente : Bonsoir, Madame Schmidt.

T. Schmidt : Bonsoir, merci.

J'aimerais remercier la commission pour le temps qu'elle m'accorde ce soir, et l'intervenant précédent pour avoir fait état de ses réflexions sur la représentation politique dans notre collectivité. Et ce soir, je vous présente mes propres réflexions en tant que résidente de longue date de la belle circonscription d'Elmwood–Transcona.

Mon exposé portera sur Elmwood–Transcona et les changements proposés pour le nord-est de Winnipeg, et c'est intentionnellement que je mentionne ici la municipalité; en effet, depuis au moins 20 ans, la circonscription d'Elmwood–Transcona est une circonscription urbaine située en plein à l'intérieur des limites de la ville. Il existe une grande similitude entre les secteurs d'Elmwood, de Concordia et de Transcona en tant que quartiers de la ville de Winnipeg.

La proposition de la commission pour les nouvelles limites s'écarte radicalement de la tradition et de la carte actuelle, en particulier dans le cas d'Elmwood–Transcona, puisqu'elle y incorpore d'importantes parties de la municipalité rurale de Springfield. Les parties incluses sont majoritairement industrielles, et il serait difficile de trouver une véritable communauté d'intérêts pour la représentation des quelques électeurs de ces zones.

De même, les entreprises de ces secteurs n'auront certainement pas grand-chose en commun avec les résidents d'Elmwood, ou même avec ceux de Transcona. Il y a certainement eu des cas, de mémoire récente, où les résidents de Transcona ont subi les contrecoups des pratiques des entreprises commerciales de la municipalité rurale de Springfield. L'intervenant précédent, le député, en a déjà parlé.

Passons maintenant aux secteurs que la commission propose d'inclure ou d'exclure. J'aimerais exprimer mon opposition à l'exclusion de Harbour View South d'Elmwood–Transcona. Les résidents de Harbour View South ont beaucoup plus en commun avec les résidents du vieux Transcona qu'avec ceux d'East St. Paul. Ils fréquentent les boutiques de Transcona. Ils vont au restaurant, travaillent, magasinent et vont à l'école à Transcona.

Même si sur la carte, il peut sembler logique de scinder cette collectivité, ces gens-là s'identifient comme une communauté qui s'est développée et continue de se développer entre Transcona et Concordia. Exclure Harbour View South d'Elmwood–Transcona empêcherait les résidents d'être représentés par une collectivité dont ils ont fait partie toute leur vie.

La prochaine collectivité sur laquelle j'aimerais me pencher dans la proposition de la commission est celle d'East Mint, qui serait une inclusion – une nouvelle inclusion. Cette collectivité est très au sud par rapport au secteur occupé par les gens qui s'identifient actuellement à la circonscription. Sur le plan géographique, la ligne de démarcation sépare maladroitement le quartier d'East Mint des collectivités voisines de Saint-Boniface, deSouthdale et d'Island Lakes. Non seulement ​​ce sont des collectivités adjacentes à East Mint, mais les résidents d'East Mint s'y identifient certainement, puisqu'ils ont probablement beaucoup plus en commun avec les bonnes gens de Southdale qu'avec ceux de Transcona. De plus, l'inclusion d'East Mint dans Elmwood–Transcona fait abstraction de la barrière naturelle que représentent les voies ferrées.

Pour ces deux raisons géographiques, ainsi que dans l'intérêt de maintenir la cohésion de la collectivité représentée, East Mint devrait continuer d'être représenté par le député de Saint-Boniface–Saint-Vital, à mon avis.

Bien que je comprenne que des changements doivent être apportés pour tenir compte de la croissance de la population dans le nord-est de Winnipeg, pour les raisons que j'ai mentionnées précédemment, je ne suis pas d'accord avec l'exclusion de Harbour View South en faveur de l'ajout d'East Mint.

Je ne crois pas non plus que cela profite à la représentation de qui que ce soit d'ajouter la municipalité rurale de Springfield. Si la commission pouvait se servir des limites actuelles comme base de référence et voir où des changements cohérents pourraient être apportés, je l'exhorterais à envisager de modifier la limite nord de la circonscription le long d'Oakland. Des modifications vers le nord ou vers le sud, selon ce que la commission estime nécessaire, préserveraient l'identité d'Elmwood–Transcona en tant que circonscription urbaine-suburbaine et donneraient la flexibilité requise pour maintenir une représentation cohérente pour les quartiers susmentionnés qui, bien que distincts, partagent de nombreux traits et intérêts communs en ce qui concerne les infrastructures et les autres services publics.

J'ai terminé; je suis maintenant disposée à répondre à vos questions.

La présidente : J'avais effectivement une question à vous poser; je me demandais si vous pouviez répéter.

Vous avez dit, peut-être modifier la limite nord à quel endroit?

T. Schmidt : Alors, le long de l'avenue Oakland, c'était ça, ma proposition.

Je suis justement en train de regarder ma carte ici, j'essaie de – ah, voilà. Alors oui, tant la limite actuelle que la limite proposée suivent Oakland. Je suis désolée, je crois que ce que je voulais dire, c'était de la déplacer vers le sud.

La présidente : Ah, d'accord.

T. Schmidt : J'ai peut-être... [interjection]

La présidente : La déplacer vers le sud?

T. Schmidt : – j'ai peut-être été – ma carte était peut-être placée dans le mauvais sens tout à l'heure.

La présidente : D'accord.

T. Schmidt : Si je peux juste regarder ma carte une seconde.

La présidente : Bien sûr.

T. Schmidt : Juste pour revenir sur ce que je vous ai dit.

J'y suis – donc, oui, il s'agirait de déplacer la limite nord vers le sud pour tenir compte de l'inclusion de Harbour View South.

La présidente : D'accord, merci.

T. Schmidt : Merci.

La présidente : Merci.

La personne suivante sur la liste est donc M. Simarpreet Singh.

Simarpreet Singh : Bonjour, vous m'entendez?

La présidente : Oui, je – nous vous entendons. Merci.

S. Singh : D'accord, super.

Bonsoir, je m'appelle Simarpreet Singh et je suis ici pour commenter les changements proposés par la commission pour Winnipeg –

La présidente : Monsieur Singh, votre image est figée.

S. Singh : – vital et une inclusion pour Elmwood–Transcona.

La présidente : Pourriez-vous reprendre votre phrase depuis le début, Monsieur Singh?

S. Singh : Bien sûr.

J'aimerais parler de la collectivité d'East Mint, dont je suis résident et que l'on propose d'exclure de Saint-Boniface–Saint-Vital pour l'inclure dans Elmwood–Transcona.

Cette modification me semble inappropriée pour deux raisons : 1) elle sépare la collectivité des secteurs avec lesquels elle s'identifie, et 2) elle déplace la limite beaucoup plus au sud que son emplacement traditionnel, en lui faisant traverser les voies ferrées.

Lorsqu'on regarde les limites actuelles, on voit qu'East Mint est représenté par les mêmes élus que les quartiers de Saint-Boniface, Southdale et Island Lakes. Une caractéristique importante que tous ces quartiers partagent, mis à part la proximité, c'est que ce sont tous des collectivités situées au sud des voies –

La présidente : Il semble – nous semblons avoir perdu M. Singh.

S. Singh : Désolé. Je pense que j'ai été coupé.

La présidente : Oui, effectivement, je pense que ce qui s'est passé, Monsieur Singh – je ne sais pas – l'image s'est figée, puis a disparu. Mais vous en étiez à nous dire que la collectivité était adjacente de Saint-Boniface, de Southdale et d'Island Lakes, toutes situées au sud de la voie ferrée, et c'est la dernière chose que j'ai entendue.

S. Singh : D'accord, super.

Donc, ce sont les secteurs qui ont prospéré et se sont développés autour des zones industrielles situées juste au nord. Le fait que tous ces quartiers soient représentés par le député de Saint-Boniface–Saint-Vital non seulement donne [inaudible], mais respecte aussi le fait qu'East Mint partage une identité et des intérêts avec les quartiers environnants en raison de son emplacement.

Dans cette optique, j'espère que la commission reviendra sur sa proposition de mettre East Mint dans Elmwood–Transcona et qu'elle maintiendra la représentation du quartier par le député de Saint-Boniface–Saint-Vital.

Merci.

La présidente : Merci.

Nous allons donc passer à la personne suivante sur la liste, qui est Gordon Landriault.

Gordon Landriault : Bonjour. M'entendez-vous?

M. Paul Thomas : Oui.

G. Landriault : Merci.

Bonjour, et merci pour l'occasion que vous me donnez de faire un exposé. Je crois que vous avez une copie du mémoire que j'ai soumis, donc je n'ai pas besoin de le lire, mais je peux en commenter certaines parties.

La présidente : Oui, ça va.

G. Landriault : D'accord.

En gros, il y a 10 ans, vous avez agrandi considérablement la circonscription de Churchill–Keewatinook Aski en y incluant sept Premières Nations de la région d'Interlake et en excluant le reste de la collectivité. Ce redécoupage visait donc uniquement les Premières Nations.

Cette fois-ci, vous envisagez d'agrandir du côté ouest de Churchill–Keewatinook Aski, le côté ouest du lac et jusqu'à la frontière avec la Saskatchewan, une grande partie des terres et des collectivités, sans vraiment rien ajouter dans le secteur de l'Interlake à l'exception d'une petite partie de Gypsumville – et encore là, seulementla moitié d'une rue, pas même toute la localité de Gypsumville – et toujours à l'exclusion de Saint-Martin, de Grahamdale et de tous les autres endroits qu'on croise déjà pour se rendre dans certaines communautés autochtones.

Et maintenant, comme je l'ai dit, du côté ouest du lac, vous voulez ajouter un vaste secteur qui n'a rien à voir avec la circonscription actuelle de Churchill. Il s'agit principalement de collectivités agricoles ou basées sur l'agriculture; elles devraient plutôt faire partie de Swan River. Les deux communautés qui pourraient être ajoutées, parce qu'elles ont des intérêts communs avec la circonscription, ce sont les deux communautés autochtones, Sapotaweyak et la Première Nation de Wuskwi Sipikh. Elles appartiennent au Swampy Cree Tribal Council. Et le conseil tribal siège à The Pas.

Il serait donc logique de les ajouter, mais pas d'ajouter le reste du secteur. Ce dernier devrait être exclu et laissé là où il se trouve, dans Dauphin–Swan River–Neepawa, parce que cette circonscription n'est pas surpeuplée, elle n'est pas au-dessus du seuil.

Et donc vous avez basé votre rapport et votre recommandation, d'après ce que je peux voir, essentiellement sur le maintien du seuil de population à plus ou moins 5 %, sans tenir compte de la superficie à couvrir. La circonscription est déjà la troisième en superficie au Canada; c'est elle qui compte le plus grand nombre de collectivités (plus de 80 collectivités maintenant desservies par un seul député), et elle couvre les quatre cinquièmes du Manitoba. Le député de la circonscription d'Inuvik, qui est plus grande, n'a que 25 collectivités à desservir.

Vous proposez d'ajouter 20 autres collectivités et vous vous attendez à ce qu'elles bénéficient de la démocratie prévue par le système. En fait, vous enlevez de la démocratie aux gens en rendant la circonscription si vaste que son député ne pourra jamais communiquer avec eux et leur rendre visite personnellement.

Je pense que si vous donniez à Winnipeg un seul député et deux autres au reste de la province, ils ne seraient pas en mesure de servir leurs collectivités plus facilement et de mieux représenter la démocratie auprès des gens que dans la situation que vous proposez pour Churchill ou même qui existe actuellement à Churchill, en raison des difficultés liées à cette circonscription.

En Saskatchewan, la commission a reconnu la difficulté qu'il y avait à desservir des collectivités éloignées ou inaccessibles, où il n'y a pas de routes, et a rapetissé la circonscription et fait fi du seuil de population.

L'Ontario, à l'échelle provinciale, a essentiellement fait la même chose dans le Nord, lorsqu'elle a créé la circonscription de Keewatinook. Pour offrir un meilleur service et une meilleure démocratie à la population, elle a créé une nouvelle circonscription provinciale.

La commission du Manitoba, lors des dernières modifications des limites, a complètement ignoré cette partie de la loi qui permet de ne pas se soumettre au seuil de population les populations rurales et du Nord dans le cadre d'un redécoupage.

Je vous remercie pour votre temps, et j'aimerais – j'ai soumis un mémoire décrivant les changements proposés, et je serais heureux de répondre à vos questions.

La présidente : Merci, Monsieur. Je n'ai pas de question.

Alors merci beaucoup. Je ne sais pas – je ne crois pas que mes collègues aient des questions.

Donc, merci beaucoup pour votre exposé, Monsieur, et nous aurons votre mémoire – nous avons votre mémoire, et comme vous le savez, ils seront – ils sont publiés sur Internet. Merci.

La personne suivante sur la liste est James McAllister.

James McAllister : Je ne me vois pas. Je ne sais pas. Est-ce que ça fonctionne de votre côté? Ah, voilà. Bon. J'ai toujours bien du plaisir avec la caméra lors des appels Zoom...

Merci beaucoup à la commission, d'abord pour le travail exceptionnel qu'elle accomplit, et deuxièmement, pour cette possibilité qui m'est offerte de faire un exposé en ligne. Il ne me serait pas possible d'assister à l'une des séances en personne à Winnipeg, à Brandon ou à Steinbach, c'est donc la seule chance que j'ai de m'adresser directement à la commission.

J'aimerais d'abord saluer le professeur Thomas et la professeure Saunders, que je connais tous les deux depuis de nombreuses années. Et je suis sûr qu'ils prennent plaisir à faire partie de la commission et qu'ils font un excellent travail pour les citoyens du Manitoba et du Canada.

J'ai envoyé un mémoire révisé il y a quelques semaines, et l'hypothèse de base de ce mémoire, c'est que le redécoupage devrait tenir compte d'un rôle de service – ou ce que moi j'appelle le rôle de service, le manat des députés. Les politologues se penchent parfois sur le rôle de service des députés, mais ils le mettent souvent de côté pour mettre l'accent plutôt sur l'aspect décisionnel. Et je pense que c'est une erreur.

Il est important de bien voir à quoi les députés consacrent leur temps, comment ils concrétisent leurs priorités et comment ils s'acquittent de leurs responsabilités au quotidien. J'ai consulté l'un de mes vieux manuels de sciences politiques de niveau 200, et il décrit ou définit le processus, le rôle de service, de cette manière : tous les députés agissent, au quotidien, comme ombudsman ou travailleur social pour leurs électeurs, en intervenant auprès des ministres ou des fonctionnaires pour accélérer les décisions administratives, corriger les erreurs bureaucratiques et redresser les injustices de l'État. Il y aura toujours des électeurs avec des problèmes de passeport, d'immigration, d'assurance-emploi, de retraite et bien d'autres problèmes, et certains députés se spécialisent dans la résolution de ces problèmes.

Le manuel poursuit en parlant de la charge de travail des députés. Ça représenterait à peu près, selon le manuel, 42 % de ce que fait un député. Et il cite David Docherty, qui se trouve être le recteur de l'Université de Brandon, alors qu'il écrivait dans l'un de ses – dans les republications.

Ainsi donc, entre le tiers et la moitié du temps des députés est consacré à ce rôle de service, mais il est important de reconnaître les barrières géographiques avec lesquelles ils doivent composer. Les circonscriptions ne devraient pas être trop vastes, éloignées ou difficiles d'accès, car alors il est difficile, voire impossible, pour les députés de jouer ce rôle. À l'inverse, il faut reconnaître que les députés qui représentent des secteurs urbains, surtout dans les grandes villes métropolitaines, ont plus de facilité à rencontrer leurs électeurs. De nombreuses personnes dans ces secteurs métropolitains ne connaissent peut-être même pas le nom de leur député ou ne savent pas comment prendre contact avec lui, si même elles pensent à le faire.

J'ai donc souligné dans mon mémoire la façon dont la commission a traité la circonscription septentrionale de Churchill–Keewatinook Aski, et je pense que c'est un problème qui remonte à plusieurs décennies. J'ai présenté un mémoire il y a 10 ans pour me plaindre de cet état de fait et, bien sûr, on m'a ignoré. L'éloignement de certaines des collectivités, vous savez, disons dans cette circonscription rend actuellement la représentation effective à Ottawa problématique à l'extrême, et la commission propose d'aggraver encore plus ces problèmes.

Maintenant, vous – nous savons tous qu'aucune circonscription ne devrait représenter moins de 75 % ou plus de 125 % du quotient. Mais il y a aussi dans la loi la clause relative aux circonstances extraordinaires qui permet à la commission de dépasser ces limites. Les commissions précédentes pour le Manitoba ont servilement tenté de réduire ces écarts à 95 % et 105 %, ce qui a nui aux citoyens du nord du Manitoba. Cet écart de 5 % peut avoir été – est peut-être acceptable à Winnipeg ou même dans le sud du Manitoba, mais il n'est pas acceptable dans le Nord peu peuplé. Et je fais référence dans mon mémoire à trois articles de la Charte des droits et libertés : l'article 3, l'article 25 et l'article 35, auxquels contreviennent effectivement les recommandations de la commission.

J'ai proposé que la limite sud du Nord – de Churchill–Keewatinook Aski – soit modifiée de manière que la circonscription n'englobe aucun territoire au sud du 53e parallèle. Je n'ai vu personne d'autre relever cela, mais pour moi c'est une limite importante parce que ça a été la limite nord du Manitoba jusqu'en 1912. Ce n'est qu'en 1912 que la région au nord de cette limite a commencé à faire partie du Manitoba.

Et ce que la commission recommande plutôt, c'est que la circonscription du Nord soit agrandie pour couvrir les quatre cinquièmes de la superficie du Manitoba. J'ai pensé intituler mon mémoire La circonscription qui a avalé le Manitoba parce que, si la tendance se maintient, il ne restera plus grand-chose à l'extérieur de la circonscription de Churchill.

J'ai joint à ce mémoire une carte qui montre la province telle qu'elle était après 1912 et comment le nord du Manitoba était une partie du Canada totalement différente à l'époque. Et ce n'est qu'à ce moment-là que les limites du Manitoba ont fini par inclure tout le territoire au nord du 53e parallèle.

Or d'autres commissions dans d'autres provinces ont reconnu – et je pense que le dernier intervenant l'a mentionné – qu'il fallait tenir compte de l'éloignement des régions nordiques et que la clause qui permet à la province ou à la commission provinciale de prévoir des circonscriptions représentant moins de 75 % de la moyenne pourrait être appliquée au Manitoba.

Maintenant, nous avons déjà les propositions des 10 provinces. Et en Ontario, il y a une circonscription qui ne représente que 68 % de la moyenne, à Terre-Neuve, 63 %, et en Saskatchewan, 43 % de la moyenne. Donc, il n'y a pas d'autres circonscriptions, comme l'a mentionné le dernier intervenant, qu'on propose de réduire à 45 000 personnes, ce qui est bien en deçà de ce que propose la commission du Manitoba pour les circonscriptions du nord de la province.

En Ontario, il y a déjà une circonscription appelée Kenora, qui est bien en deçà des 75 % de la moyenne, mais ils proposent maintenant une nouvelle circonscription couvrant toute la partie la plus au nord de la province, qui ne comptera que 36 000 habitants, soit 68 pour cent en dessous du quotient.

L'autre exemple qui existe depuis longtemps, c'est celui de Terre-Neuve-et-Labrador, et je recommanderais vivement à la commission de lire les propositions de la commission pour Terre-Neuve-et-Labrador, en particulier la section sur les circonstances extraordinaires et sur le Labrador. Elle porte sur la région du nord du Labrador qui a été détachée pour devenir une circonscription autonome en 1987 et qui l'est restée depuis.

Même si sa – [interjection]

Commentaire de la salle : Désolé de vous interrompre. Juste pour vous dire qu'il vous reste deux minutes.

J. McAllister : – sa population est bien en deçà de la moyenne provinciale, elle ne compte qu'environ 26 000 personnes.

Donc, la commission a rédigé tout un document pour expliquer pourquoi la région du nord du Labrador était séparée. Et certains de ses arguments, je dirais, s'appliquent également au Manitoba, à la circonscription du nord du Manitoba.

Je pense que c'est tout ce que j'ai à dire; je serai heureux de répondre à vos questions.

La présidente : Je ne pense pas qu'il y en ait – il ne me semble pas qu'il y ait des questions, alors merci beaucoup pour votre exposé, Monsieur McAllister.

La prochaine personne que je vois sur la liste est Gloria Kelly.

Gloria Kelly: Bonsoir, Madame la Présidente.

M'entendez-vous?

La présidente : Oui, je vous entends. Merci.

G. Kelly : Bonsoir.

Pour commencer, je tiens à remercier la commission pour son travail et pour m'avoir permis de faire un exposé ce soir. Je suis ici en qualité de résidente de la circonscription de Charleswood–St. James–Assiniboia–Headingley où ma famille habite depuis 14 ans. Ce soir, je vais vous expliquer pourquoi je suis contre une partie des modifications proposées pour cette circonscription située à l'ouest de Winnipeg et vous proposer une autre solution.

Pour tout vous dire, oui, je suis ici ce soir en tant que simple citoyenne, mais je suis active en politique, et dans la circonscription, je suis actuellement présidente de l'association de circonscription libérale.

Je comprends parfaitement qu'il soit nécessaire d'avoir un semblant d'équilibre en ce qui concerne la population des circonscriptions, mais il importe de souligner qu'il est tout à notre avantage que ces bassins de population soient relativement homogènes. Or, ce n'est pas ce qui est proposé pour Charleswood–St. James–Assiniboia–Headingley.

La proposition actuelle, telle qu'elle est libellée, ajouterait à la circonscription une grande partie du Manitoba rural qui n'a absolument aucun lien avec la circonscription urbaine que nous avons aujourd'hui du côté ouest de Winnipeg.

Il y a deux parties dans les modifications proposées pour cette circonscription, et elles se trouvent littéralement de part et d'autre des limites actuelles. Je ne vois aucun problème à transférer la partie de Winnipeg-Centre-Sud située à Tuxedo dans la circonscription de Charleswood–St. James–Assiniboia–Headingley, car leurs problèmes et leurs enjeux sont sensiblement les mêmes. C'est le déplacement vers l'ouest de la limite de la circonscription pour englober les municipalités rurales de Saint-François-Xavier, Cartier et une partie de la municipalité régionale de Portage la Prairie qui est préoccupant.

Cet ajout à la circonscription va complètement à l'encontre du concept de communauté d'intérêts et semble en fait être basé simplement sur la nécessité d'équilibrer la répartition de la population.

Comme j'ai déjà vécu tant dans des régions rurales qu'urbaines de ce pays, je sais que bon nombre des problèmes sont les mêmes, mais il existe des différences majeures qui doivent être prises en considération. Je me rends bien compte que la population de la circonscription de Charleswood–St. James–Assiniboia–Headingley n'a augmenté que de 2 903 électeurs entre 2011 et 2021. Mais ce ne sera plus le cas à l'avenir. Les énormes quartiers de Ridgewood qui sont en chantier ou à l'état de projet augmenteront considérablement la population de cette circonscription.

RidgeWood West –

La présidente : Excusez-moi, vous avez dit les... excusez-moi? Vous avez dit les énormes quartiers de...?

G. Kelly : Ridgewood.

La présidente : Ridgewood ou Bridgewood?

G. Kelly : Ridge, avec un R, Ridgewood.

La présidente : Ah, merci.

G. Kelly : Ils feront – le projet de RidgeWood West prévoyait 789 maisons unifamiliales et quatre ensembles multifamiliaux. Il est en chantier, et des familles y emménagent en ce moment même.

Le projet de Ridgewood South, encore plus grand, entre dans la phase de construction et le plan initial de cette collectivité planifiée indiquait qu'il pourrait compter jusqu'à 3 000 nouvelles maisons, unifamiliales et multifamiliales. Il y a des maisons à vendre dans Ridgewood South qui sont déjà mises en ligne.

Comme cette modification des limites ne devrait pas entrer en vigueur avant 2024, à ce moment-là, nous pourrions bien avoir dans nos limites actuelles une population comparable à celle que nous obtiendrions avec les zones rurales qu'on est censé ajouter à notre circonscription.

Or, comme je crois qu'il faut proposer une solution de rechange lorsqu'on s'oppose à quelque chose, je vais vous proposer ce qui suit, qui aurait plus de sens pour cette circonscription.

La localité de St. James est actuellement divisée entre Charleswood–St. James–Assiniboia–Headingley et Winnipeg-Centre. Si la limite était déplacée pour que tout St. James soit représenté par le même député, celui de Charleswood–St. James–Assiniboia–Headingley, cela amènerait un peu plus de population dans notre circonscription.

La localité de St. James est, depuis de nombreuses années, non pas repliée sur elle-même, mais en tout cas une communauté très forte qui a sa propre identité. Elle est divisée depuis quelques années, et ce serait lui rendre service que de réunir les deux parties.

Pour ce qui des zones rurales, je crois qu'il serait plus logique d'examiner comment Brandon–Souris, Portage–Lisgar et Dauphin–Swan River pourraient être réorganisées pour mieux répondre aux besoins des Manitobains ruraux.

Au Manitoba, la population moyenne des circonscriptions, je crois, est de 95 868 habitants, huit circonscriptions urbaines en ayant un peu plus et six circonscriptions rurales, un peu moins. Ainsi, il semblerait insensé d'ajouter une grande zone rurale à une circonscription urbaine alors que le redécoupage des régions rurales à l'ouest et au nord-ouest de Winnipeg pourrait profiter davantage aux électeurs que la proposition actuelle.

Merci.

La présidente : Merci beaucoup. Il ne me semble pas qu'il y ait des questions.

Donc, notre prochaine intervenante sera Niki Ashton.

Niki Ashton : Bonsoir.

La présidente : Bonsoir.

N. Ashton : Bonsoir, je me joins à vous depuis le territoire visé par le Traité no 5, le territoire traditionnel de la nation crie Nisichawayasihk, ma communauté d'origine, Thompson. Je suis heureuse d'avoir l'occasion de m'adresser à vous, les commissaires, ici ce soir.

Je suis une fière habitante du Nord, je suis née et j'ai grandi ici dans le Nord, et j'ai l'honneur d'avoir été élue et réélue députée de Churchill, d'abord, puis de Churchill–Keewatinook Aski depuis 2008.

D'abord, en tant que députée, je tiens à dire que je travaille pour représenter tous les électeurs. Si je me présente à nouveau et que je suis réélue, je travaillerai pour représenter tous mes électeurs.

Cela dit, ici ce soir, je voudrais exprimer mon opposition à la proposition actuelle de redécoupage. Elle désavantagerait les électeurs autochtones, nordiques et ruraux en termes de représentation. Elle fait fi de la notion de communauté d'intérêts. Elle ne tient pas compte du sous-dénombrement bien attesté des communautés autochtones et nordiques dans le recensement. Et elle ne cadre pas avec les mesures prises récemment, par exemple, dans le nord de la Saskatchewan – une circonscription que nous considérons comme une circonscription sœur – pour non seulement ne pas agrandir la circonscription, mais encore pour en réduire la superficie.

Churchill–Keewatinook Aski est actuellement la quatrième circonscription en superficie au Canada. Contrairement au Nunavut et aux Territoires du Nord-Ouest, qui sont la première et la deuxième, nous avons une population beaucoup plus importante.

J'aimerais vous donner un aperçu de la difficulté de desservir une circonscription comme la nôtre. Nous avons 41 Premières Nations, de nombreuses collectivités visées par le régime de la Loi sur les affaires du Nord, des municipalités rurales, quatre centres urbains. Ce que l'on ne sait peut-être pas, c'est que 19 communautés de la circonscription n'ont pas accès à des routes praticables par tous les temps. Ça veut dire que pour 15 communautés, on ne peut pas s'y rendre en voiture pour pouvoir offrir des heures de bureau, rencontrer des électeurs, sauf, bien sûr, pendant la saison des routes d'hiver.

Quinze communautés, dont d'importantes Premières Nations telles que les quatre Premières nations d'Island Lake, ne sont accessibles toute l'année que par avion. Deux des Premières Nations de la circonscription, Little Grand Rapids et Pauingassi, n'ont même pas d'aéroport et on n'y a donc accès qu'à partir d'autres communautés en dehors de la saison des routes d'hiver.

Or, les changements climatiques raccourcissent la saison des routes d'hiver, ce qui rend la vie – sans parler des visites et des services – dans ces communautés encore plus difficile. Je sais que nous sommes tous d'accord sur le fait que les gens ont le droit d'avoir accès à leurs députés et à leurs bureaux, que leurs députés devraient pouvoir leur rendre visite régulièrement pour se tenir au fait des dossiers qui leur tiennent à cœur. L'élargissement de notre circonscription, tel qu'il est proposé, rend la tâche de desservir notre circonscription beaucoup plus difficile.

Sachez aussi qu'en raison de la pandémie, les horaires de vol, en particulier vers nos grands centres du Nord, y compris ici à Thompson, ont été réduits et n'ont pas été rétablis, ce qui rend les déplacements dans le Nord et vers des endroits comme Winnipeg, pour pouvoir accéder à la partie sud de la circonscription, bien plus difficiles.

Deuxièmement, la proposition actuelle fait fi de la notion de communauté d'intérêts. Je suis d'accord avec ceux qui ont dit que l'ajout de la Première Nation de Sapotaweyak et de la Première Nation de Wuskwi Sipihk peut être considéré comme reflétant la notion de communauté d'intérêts. Après tout, ce sont des Premières Nations qui ont des liens avec d'autres Premières Nations de la circonscription. Elles sont membres du Swampy Cree Tribal Council, qui a son siège dans la Nation crie Opaskwayak et composé de Premières Nations se trouvant déjà dans notre circonscription.

Cependant, le reste de la proposition fait abstraction de la notion de communauté d'intérêts. Le reste de ce qu'il est proposé de prendre dans la circonscription de Dauphin–Swan River n'a rien à voir avec notre circonscription dans sa forme actuelle. Il s'agit d'une région géographiquement, démographiquement et économiquement très différente du reste de la circonscription. Les gens de collectivités comme Bowsman et d'ailleurs dans la zone proposée ne viennent pas à The Pas ou à Thompson ou ailleurs dans la circonscription pour accéder à des services ou faire des emplettes et, par conséquent, sont très différents – très étrangers à la circonscription qui existe actuellement.

Troisièmement, je voudrais soulever la question des données sur la population. Le recensement des communautés nordiques et autochtones est systématiquement entaché d'erreurs. Au cours des deux derniers recomptages de recensement – au cours des deux derniers recensements, des recomptages ont été demandés par des dirigeants municipaux et du Nord, compte tenu des graves soupçons de sous-dénombrement. À titre de députée, j'ai relayé les réserves dont m'avaient fait part les dirigeants du Nord et j'ai soutenu les appels aux recomptages. Ces réserves ont fait l'objet d'articles dans les médias. Il est important que la commission de délimitation ne déçoive pas elle aussi les communautés autochtones et nordiques en traçant des lignes basées sur des données démographiques jugés inexacts.

Quatrièmement, j'aimerais mentionner le fait que la superficie d'autres circonscriptions avec lesquelles nous avons beaucoup en commun, comme notre circonscription voisine dans le nord de la Saskatchewan, a été réduite. Des inquiétudes y avaient été exprimées concernant les défis liés à l'offre de services dans la circonscription, et ces inquiétudes ont clairement été entendues. J'espère sincèrement qu'on fera la même chose ici, chez nous.

Enfin, je voudrais inviter la commission de délimitation à engager une réflexion sur l'esprit de réconciliation. Dans quelques jours, nous soulignerons la deuxième Journée nationale annuelle de la vérité et de la réconciliation. La réconciliation est une tâche qui nous incombe à tous, en particulier à ceux d'entre nous qui ont un pouvoir décisionnel ayant un impact certain sur les communautés autochtones et la vie des peuples autochtones – des communautés autochtones qui n'avaient même pas le droit de vote jusqu'à il y a un peu plus de 60 ans. Cette proposition de délimitation rend le travail de représentation et de prestation des services dans les communautés autochtones – les communautés qui ont pourtant le plus à voir avec le gouvernement fédéral – plus difficile. Elle suit également des données démographiques de leurs communautés qui ne sont pas exactes dans de nombreux cas.

Pour résumer, les communautés autochtones, nordiques et rurales méritent de participer comme les autres à notre démocratie. Elles méritent d'être représentées. Nous méritons d'être représentés. Les communautés autochtones, nordiques et rurales méritent d'avoir accès à leurs députés, à leurs bureaux et aux services qu'ils offrent. Elles méritent des circonscriptions qui permettent à leur voix de se faire entendre.

Je vous suis reconnaissante de m'avoir donné l'occasion de vous faire un exposé et j'espère sincèrement que le message transmis par plusieurs d'entre nous, soit de ne pas agrandir la circonscription comme c'est actuellement proposé, sera sérieusement pris en compte.

Merci beaucoup.

La présidente : Merci.

Je vois que M. Thomas a une question.

M. Thomas : Pour faire suite à cet intéressant exposé, je me demandais si vous pouviez me dire combien de bureaux de circonscription vous avez actuellement et si vous aviez une idée de votre charge de travail totale, disons, au cours d'une année civile.

N. Ashton : Bien sûr.

Ah, je ne sais pas si vous me voyez. M'entendez-vous?

M. Thomas : Je vous entends. Oui.

Je ne vous vois pas encore, mais ça va venir, je pense.

N. Ashton : D'accord. Ça ne montre pas l'option vidéo, donc je pense que peut-être on m'a redonné le statut de simple participante.

Je peux parler en tout cas. Alors, nous avons trois bureaux : deux bureaux permanents; un à Thompson, un à The Pas; et un bureau à temps partiel dans la Première Nation de Peguis, qui, bien sûr, est concernée par ce redécoupage des circonscriptions.

Et ce que nous avons fait, et nous le faisions d'ailleurs régulièrement avant la pandémie, c'était d'offrir des heures de bureau normales dans les différentes communautés de la circonscription. J'offrais des heures de bureau pendant la saison des routes d'hiver et je faisais des visites d'été également, qui impliquaient des heures de bureau.

Donc, nous apportons certainement – et ce n'est pas seulement moi, bien sûr, c'est en fait presque tous les membres de l'équipe qui prennent la route avec moi pour pouvoir offrir des heures de bureau et prendre en charge des dossiers et, vous savez, solliciter les électeurs, dans chaque communauté où nous allons. Et donc, quand je parle des défis liés aux déplacements dans la circonscription, c'est... je sais de quoi je parle!

Pour ce qui est de la question sur la charge de travail, bon, je n'ai pas de chiffres sous les yeux en ce moment, mais nous – je veux dire, nos bureaux ont, sont extrêmement occupés. Comme beaucoup le savent, les services fédéraux ont été coupés dans notre région au cours des deux ou trois dernières décennies, je dirais, ce qui signifie qu'il nous arrive beaucoup plus de dossiers qui auraient été confiés à des fonctionnaires fédéraux de première ligne dans le passé. Mais nous traitons aussi des cas très particuliers, étant donné que de nombreuses Premières Nations, comme je l'ai dit, traitent directement avec le gouvernement fédéral.

Donc, nous ne nous occupons pas seulement des passeports, de l'assurance-emploi, du RPC et des allocations pour enfants. Nous faisons beaucoup plus que cela, et en particulier avec le ministère des Services aux Autochtones concernant le logement, l'eau, les services d'incendie, la santé et – vous savez, tous les jours, à toutes les heures de la journée, quelqu'un me demande quelque chose et, bien sûr, je fais alors appel à l'équipe.

Et donc, quand je parle de la difficulté de desservir, non seulement une circonscription de la taille de la nôtre, mais une circonscription qui compte tant de communautés autochtones qui traitent directement avec le gouvernement fédéral, je pense qu'il est essentiel, vraiment, que nous évitions d'agrandir la circonscription plus que nécessaire.

Bien sûr, j'ai dit, quand j'ai parlé de la communauté d'intérêts, qu'il y avait deux Premières Nations qui avaient cela, mais il ne fait aucun doute qu'il serait beaucoup plus difficile d'étendre davantage la circonscription.

M. Thomas : Merci.

La présidente : Merci.

N. Ashton : Merci.

La présidente : La personne suivante sur la liste, Craig Howse, n'est pas là, je pense.

Je ne vois pas de Craig Howse sur la liste, la personne suivante est alors Craig Adolphe.

Craig Adolphe : Bonjour. Allô.

Désolé, j'ai levé la main quand vous avez dit Craig Howse. Je pensais qu'il s'agissait peut-être d'une faute de frappe.

Bon, vous m'entendez et me voyez? Je ne suis pas sûr. D'accord, parfait. [interjection] D'accord, super.

La présidente : Oui, nous vous voyons.

C. Adolphe : Super. Bon, je vais commencer alors.

Alors, je pense que dans le genre de mémoire que je vous ai transmis pour pouvoir prendre la parole aujourd'hui, j'ai précisé mon appartenance politique par souci de transparence, mais je parle en quelque sorte en tant que personne ayant une expérience personnelle de résident de Saint-Boniface–Saint-Vital.

J'ai vécu à Saint-Boniface toute ma vie, c'est-à-dire 33 ans. Mon père est né ici. Mes parents vivent toujours ici. Mes grands-parents paternels vivaient ici. Et j'aimerais parler de la question du retrait non seulement d'East Mint, mais aussi du secteur du parc industriel de Saint-Boniface. J'ai été heureux d'apprendre que beaucoup d'inquiétudes ont été soulevées au sujet de la partie East Mint, mais je pense qu'il faut parler des deux secteurs.

Je dirais que, je pense que cela crée un mauvais précédent pour les limites de la circonscription, en particulier concernant East Mint, mais, vous savez, j'ai des réserves à propos des deux.

Je sais que la localité de Saint-Boniface est probablement l'une des plus protectrices de la province en termes d'histoire et de culture. Vous savez, il y a des raisons historiques à cela. Mais je pense que les réserves que j'entends à propos des deux changements que j'ai évoqués concernent principalement l'espace économique et social. Je ne suis pas, vous savez – je n'ai pas nécessairement de formation universitaire là-dedans, mais je pense qu'on peut parler ici de géographie humaine.

Donc, East Mint, évidemment, est adjacent à beaucoup de bons quartiers qui ont été mentionnés : Sage Creek, Southdale, Windsor Park. Ce sont en quelque sorte les secteurs auxquels vous pourriez l'associer. Je pense que si vous posiez la question aux habitants du secteur d'East Mint, c'est comme ça qu'ils le définiraient. Vous savez, pour le dire simplement, si vous deviez rendre visite à quelqu'un dans ce secteur, c'est comme ça qu'il vous expliquerait comment vous rendre là où il habite, vous savez, par rapport à, vous savez, oh, juste à l'est de Southdale, juste au nord de Sage Creek, c'est comme ça que les gens en parlent.

Mais l'expérience, je pense, pour les résidents du secteur d'East Mint – si on regarde leur vie économique, les centres commerciaux, les rues commerçantes. Ils utilisent le centre commercial Saint-Vital, et non pas Kildonan Place, comme c'est le cas dans la circonscription d'Elmwood–Transcona, comme principal centre ou carrefour commercial.

Ou alors, c'est comme comparer Fermor et Regent – si on mettait une sorte de dispositif de surveillance sur chaque personne pour voir comment elle gère sa vie quotidienne pour faire ses courses ou, vous savez, se faire couper les cheveux, aller chez le médecin, aller chez le dentiste, l'optométriste, ce genre de choses, je pense que ce serait une assez claire illustration de ce que sont actuellement les limites de ces deux circonscriptions. Et cela semble être un peu une aberration en termes d'endroit où il devrait être – le changement proposé pour East Mint, devrais-je dire.

Alors, sur une note un peu plus personnelle, mes grands-parents vivaient à Saint-Boniface, mêmes exemples : ils y faisaient leurs courses, ils s'y faisaient couper les cheveux, vous savez, mon grand-père fréquentait le bar du coin, et quand il est déménagé dans une résidence avec services pour personnes âgées, eh bien, tout cela, c'était à Saint-Boniface. Et pour finir, dans le même ordre d'idées, ils reposent maintenant dans le cimetière qui se trouve dans le secteur d'East Mint. Je ne veux pas dire par là que, vous savez, il est extrêmement important que leur urne ne sorte jamais des limites politiques de la circonscription, mais je pense que c'est en quelque sorte un exemple de la façon dont le secteur d'East Mint fait partie de cette communauté de Saint-Boniface–Saint-Vital et comment tout cela est vécu par les gens qui vivent dans le secteur.

Voilà, je vais en rester là pour ce qui est du secteur d'East Mint. Mais j'ajouterais aussi que le parc industriel de Saint-Boniface, c'était une autre préoccupation que j'avais, je suppose.

Écoutez, ça me semble ridicule, d'une certaine façon, de retirer le parc industriel de Saint-Boniface de l'entité politique de Saint-Boniface–Saint-Vital, mais je comprends qu'il y a, vous savez, des raisons de modifier la limite et, vous savez, en tant qu'espace physique, je comprends le genre de – la limite est tout simplement – telle qu'elle existe, en quelque sorte séparée par la gare de triage Symington et tout le reste; comment alors peut-on défendre cela. Mais je pense qu'il y a d'autres facteurs qui devraient être pris en compte. Je suis sûr que ça a été envisagé dans une certaine mesure, mais je dirais, vous savez, que cela vaut la peine de revoir tout cela et de soupeser cela par rapport au problème de la population et d'essayer de trouver un moyen de modifier les limites de, je suppose, la circonscription voisine d'Elmwood–Transcona. Mais, de toute façon, je voulais juste ajouter cela aussi. Je pense que c'est un autre souci sur lequel il faut se pencher.

Peut-être une dernière chose, je sais que beaucoup de constructions dans le sud, comme autour du secteur de Sage Creek, sont relativement nouvelles, mais je pense que les limites qui ont commencé à se former en termes d'espace habité sont déjà assez bien établies.

Donc, je pense que pour le secteur d'East Mint en particulier, il vaut vraiment la peine de revoir le changement proposé et la façon dont ce secteur est en quelque sorte séparé de Saint-Boniface–Saint-Vital.

S'il y a des questions, je vais m'arrêter là.

La présidente : Non, je ne vois pas... M. Thomas, avez-vous une question ou pas?

M. Thomas : Non, je n'en ai pas. Non. Ça va, merci.

La présidente : D'accord. Merci. Non, moi non plus, je n'ai pas de questions. Nous n'avons pas de questions.

Merci beaucoup de votre exposé et d'avoir pris le temps de participer ce soir.

C. Adolphe : D'accord, et merci.

La présidente : Très bien, la prochaine personne que j'ai sur la liste de ce soir est Robert-Falcon Ouellette.

Robert-Falcon Ouellette : Mais bonjour. Merci beaucoup pour m'accueillir ici aujourd'hui. Je suis fier d'être ici sur le Territoire Traité no 1, un territoire traditionnel des Anishinaabeg, Neheo [au son], Déné et de Dakota, également territoire des nations métisses, la terre de Louis Riel et le territoire aussi des Inuits et aussi la maison de tous les citoyens qui habitent ici à Winnipeg.

Alors je vais présenter ici aujourd'hui – est-ce que c'est correct si je parle en français un petit peu?

La présidente : Nous n'avons pas d'interprètes pour cette audience-ci; nous en aurons à notre audience du 22.

R. Ouellette : Pas de problème. Pas de problème alors. Quoi qu'il en soit, je vais continuer.

La présidente : Merci.

R. Ouellette : Aucun problème.

Alors, je vais juste vous faire un bref exposé sur ce que je pense être une modification de la carte électorale qui produira en fait un déficit de représentation pour les citoyens de Winnipeg-Centre parce que cela va en fait mener à une concentration de la pauvreté et d'autres défis socio-économiques.

J'ai donc de sérieuses réserves quant au redécoupage de la carte électorale pour Winnipeg-Centre et pour Winnipeg également. Et je pense que les gens de Winnipeg-Centre ont le droit d'avoir le même accès à tous les services que les résidents de n'importe quelle autre circonscription au pays.

Le redécoupage actuel pose de sérieux problèmes d'équitabilité dans la représentation et l'accès aux services gouvernementaux, et il empêchera les gens d'accéder aux services des députés et entravera leur capacité à s'y retrouver dans tous les services gouvernementaux.

Et j'ai l'impression qu'à cause du redécoupage, de la façon dont c'est fait, cela va en fait nuire à l'ensemble de la ville à long terme. Par exemple, en tant que député, il était très difficile de gérer tous les défis et la charge de travail de la circonscription et de remplir ses fonctions parlementaires. Parfois, il fallait travailler de 80 à 100 heures par semaine et il y a eu de nombreuses occasions où j'ai dû dormir au bureau pour essayer de répondre aux besoins des gens de Winnipeg-Centre.

À tant donner aux citoyens, mon personnel s'est souvent surmené. Et je parle de ma charge de travail, pas pour me vanter parce que, vous savez, lorsqu'on est élu député – on a évidemment tendance à penser que les politiciens sont là juste pour se vanter de leur dur labeur pour les citoyens. Mais c'est en fait vrai que beaucoup de députés travaillent – ils travaillent tous très dur en raison du sens du devoir qu'ils ont de bien représenter les citoyens, mais parfois je pense que le redécoupage, tel qu'il est actuellement proposé, va en fait nuire au député actuel ou aux futurs députés et qu'il va également nuire à la collectivité et à la ville.

En effet, l'ajout du North End à Winnipeg-Centre crée une concentration de pauvreté. Il y aura des problèmes liés à la pauvreté pour les enfants. Il y aura beaucoup plus de problèmes d'itinérance, de drogue, de criminalité, de gangs, de dépendances, de santé mentale. Et ils étaient déjà concentrés au centre de la circonscription de Winnipeg-Centre.

Et s'il peut sembler faisable à première vue de concentrer dans la même zone tous les gens d'un statut socio-économique similaire, cela a en réalité un effet pervers sur la capacité d'améliorer la situation à long terme. Essentiellement, le député de Winnipeg-Centre devient le seul champion des questions de réduction de la pauvreté au Manitoba.

Et même si d'autres circonscriptions ont des problèmes de pauvreté, elles n'en ont pas d'aussi graves. Et cela fait en sorte qu'il est difficile de faire changer les politiques gouvernementales pour réduire les niveaux de pauvreté et veiller à ce que cette pauvreté n'ait pas trop de conséquences sur la structure sociale de la société.

La pauvreté crée une situation où le député de Winnipeg-Centre, lorsqu'il rencontre des ministres et des fonctionnaires pour discuter de ces problèmes, se rend compte qu'il est le seul à préconiser des changements.

Or le défi supplémentaire ici est que lorsque des personnes appartenant à des groupes socio-économiques défavorisés demandent des services gouvernementaux ou viennent au bureau pour en obtenir, elles trouvent souvent cela très difficile parce qu'il y a déjà tellement de personnes au bureau qui demandent ces services. En tant qu'ancien député de Winnipeg-Centre, je peux vous dire que les dossiers étaient extrêmement complexes et très difficiles à régler. Et souvent, les gens viennent au bureau du député parce qu'ils ne peuvent pas obtenir d'aide ailleurs. Mais non seulement vous avez affaire à quelques problèmes d'immigration faciles à résoudre – et un problème d'immigration, par exemple, à Winnipeg-Sud, avec un immigrant ou un nouvel arrivant qui a un doctorat, sera beaucoup plus facile à résoudre que celui de quelqu'un qui a de la difficulté à parler la langue et qui essaie de faire sortir ses enfants d'un camp de réfugiés dans un pays sans personnel consulaire canadien sur le terrain.

Alors, quand je voulais – je vais vous dire un secret. Lorsque j'avais besoin d'obtenir un changement de politique de la part du gouvernement ou d'aide pour un programme, je me levais lors des réunions à huis clos du caucus et j'allais parler à tous mes collègues, y compris les simples députés, les ministres et le premier ministre, à propos des gens de Winnipeg-Centre et de leurs histoires et j'expliquais comment un changement de politique les aiderait réellement. Et ce qui est assez incroyable, c'est que je n'ai jamais manqué d'histoires poignantes, parce que les besoins des gens étaient bien réels.

Or, j'ai souvent pensé que si j'avais quelques collègues de plus qui faisaient face à des défis similaires dans leur circonscription, à Winnipeg et au Manitoba, il serait en fait plus facile pour la collectivité et la société d'aider plus de gens. Les besoins des résidents des banlieues et des secteurs plus aisés de notre province n'ont pas moins de valeur, mais qui va défendre la grand-mère élevant trois enfants dans un appartement infesté de moisissures dans lequel le propriétaire ne fait aucune réparation? Le député local est souvent le dernier recours pour beaucoup de gens. Et ce qu'on fait avec ces changements dans Winnipeg, ajouter le North End à Winnipeg-Centre, c'est concentrer tous ces besoins dans un seul secteur.

Le député de Winnipeg-Centre ne devrait pas être le seul à composer avec l'itinérance, les dépendances, les centres de traitement en milieu fermé, la criminalité, les problèmes complexes d'immigration, les demandes de statut d'Indien, les revendications des anciens combattants, les projets de logement. J'étais toujours étonné lorsque mes collègues du gouvernement disaient : qu'ils n'arrivaient pas à croire ce à quoi j'étais confronté tous les jours. Ils m'offraient beaucoup de sympathie, mais ils devaient quand même s'occuper de leurs propres électeurs.

Un autre problème, c'est qu'il va y avoir une concentration non seulement de la pauvreté, mais aussi de réfugiés. Comme les loyers sont beaucoup plus bas à Winnipeg-Centre, de nombreux réfugiés finissent par louer dans cette circonscription-là. Bien sûr, les réfugiés devraient pouvoir louer là où ils peuvent obtenir le meilleur rapport qualité-prix, mais le problème avec le réfugié, c'est que lorsque sa demande a été rejetée ou qu'il rencontre des problèmes, il s'adresse souvent à son député local pour obtenir de l'aide à la dernière minute.

Or, dans la plupart des circonscriptions fédérales, cela ne représente que quelques cas par mois. À Winnipeg-Centre, cela se produit quotidiennement. Ces cas demandent beaucoup de temps et de travail, car une erreur d'un fonctionnaire peut entraîner la mort du demandeur s'il est renvoyé dans son pays.

L'ajout du North End, c'est courir à l'échec non seulement pour ce qui est de la charge de travail, mais aussi pour les niveaux de service et de justice de base que les gens sont en droit d'obtenir.

Parallèlement à cela, il y aura également une concentration de problèmes autochtones. On retrouve des Autochtones partout à Winnipeg, mais à Winnipeg-Centre, ils représentent environ 20 % de la population, ce qui est supérieur à la moyenne canadienne, ou plutôt à la moyenne de la ville, qui est de 12 %. Encore une fois, l'ajout d'autres personnes, des Autochtones du North End, à Winnipeg-Centre, crée une concentration de personnes vivant avec d'importantes traumatismes et de grandes difficultés au quotidien. Elles ont souvent besoin d'une aide considérable pour accéder aux services gouvernementaux.

Les cas que le bureau du député local doit traiter comprennent les dossiers des services offerts par les Forces canadiennes, les problèmes de statut d'Indien, le bannissement des réserves du Nord – lorsque des personnes sont bannies de leur communauté et renvoyées à Winnipeg où elles se retrouvent à Winnipeg-Centre ou dans le North End – les problèmes de criminalité et de réinsertion, la traite de personnes, la prostitution, les dépendances, la santé mentale, les services de santé, l'itinérance – la liste est longue.

Un député et son personnel ne peuvent pas faire ce travail seuls. C'est beaucoup trop. Et s'attaquer aux causes profondes – oubliez cela, parce que le député est toujours en train de gérer la crise du jour. Et donc ce travail devrait être réparti entre plus de députés à travers la ville.

Et, finalement, le manque de représentation va aussi être plus concentré. Winnipeg est déjà assez complexe et elle a de très grands défis socio-économiques à relever, mais comme elle accueille également certaines des organisations les plus importantes du Manitoba, la situation devient encore plus complexe. Pensez à des secteurs ou à des organisations comme le quartier des arts, le quartier de la Bourse, l'hôtel de ville, l'Assemblée législative du Manitoba, le manège militaire Minto, les 12 unités de la Réserve de l'Armée de terre, les réserves navales, les Jets de Winnipeg, l'Orchestre symphonique de Winnipeg, l'opéra, l'Assemblée des chefs du Manitoba, les bureaux de la Southern Chiefs' Organization, le MKO (les chefs du Nord), le siège social de Bell MTS, le siège social de la Canada Vie, et la liste est encore longue : on trouve dans Winnipeg-Centre des groupes communautaires, des groupes environnementaux et les trois principaux refuges pour sans-abri, sans compter le centre commercial Polo Park.

L'ajout du North End va y adjoindre une autre communauté complexe avec des besoins gigantesques qu'un seul député, celui de Winnipeg-Centre, ne peut aider à lui seul. Et si Winnipeg-Centre, à titre de suggestion, était effectivement divisée également entre toutes les circonscriptions de Winnipeg, il y aurait alors un plus grand investissement collectif pour relever les défis de notre société. La répartition de la charge de travail permettrait à un plus grand nombre d'organismes de Winnipeg-Centre de bénéficier d'un meilleur service et d'une meilleure représentation au Parlement.

Et je vous laisse avec une dernière anecdote. Emplois d'été Canada, par exemple, est un programme qui offre des emplois aux jeunes de moins de 35 ans. Dans Winnipeg-Centre, chaque année, nous avions trop d'inscriptions, et même si j'ai pu obtenir des centaines de milliers de dollars supplémentaires pour répondre aux besoins, nous ne pouvions offrir que six semaines d'emploi aux jeunes, alors que d'autres circonscriptions en milieu plus suburbain ont pu offrir la pleine durée de 12 semaines avec un meilleur salaire à plus d'organismes et aller au-delà des groupes communautaires. Elles ont en fait pu aider des entreprises privées à embaucher des jeunes.

Ce n'est pas juste pour les gens de Winnipeg-Centre parce que tout est concentré dans cette circonscription et qu'il est très difficile de surmonter nos défis.

Je sais que j'ai épuisé mon temps de parole. Je crois que j'ai parlé pendant mes 10 minutes, mais si vous avez des questions, je serais ravi d'y répondre.

Mais je terminerai par une chose. Je pense qu'il s'agit en fait d'une forme de violence structurelle dans notre société envers certains de nos plus défavorisés, la façon dont nous concentrons la pauvreté dans un seul secteur. Et j'espère que la commission électorale prendra le temps d'examiner sérieusement les conséquences de l'ajout d'encore plus de pauvreté et de besoins plus complexes des citoyens à la charge de travail d'un député.

Merci.

La présidente : Merci.

M. Thomas : C'était une description fascinante des multiples volets de la représentation de l'une des trois circonscriptions, je suppose, les plus pauvres du pays, et d'une collectivité très dense et diversifiée. J'en ai donc retenu des choses importantes.

Mais j'aimerais tout de même vous demander d'aller un peu plus loin : si nous ne déplaçons pas la limite vers le nord, devrions-nous plutôt la déplacer vers le sud, dans Winnipeg-Centre-Sud? Ou plutôt vers l'ouest, jusqu'à St. James? Où allons-nous prendre une population supplémentaire si le centre-ville, Winnipeg-Centre, ne croît pas par rapport aux autres parties de la ville et de la province?

R. Ouellette : C'est une excellente question.

Vous savez, je pense que peut-être le quartier de la Bourse, maintenant que j'y pense, serait mieux dans Saint-Boniface. Et j'ajouterais peut-être, en fait, River Heights à ce secteur.

Je pense aussi que vous pourriez en fait déplacer la limite un peu plus vers St. James. Je sais que c'est St. Charles, St. James, Headingley à un moment donné, mais il semble y avoir, vous savez, une petite différence. Et je pense que l'ajout d'un peu plus de richesse à la circonscription permettrait au député d'avoir en fait plus d'alliés.

Parfois, je me sentais en fait extrêmement seul à Ottawa, et les autres députés ne comprenaient même pas de quoi je parlais parce qu'eux ne faisaient pas face à une telle concentration de problèmes; nous, nous avons une importante population autochtone qui a vraiment des besoins très importants dans le centre-ville. Nous avons également une très grande population de nouveaux arrivants, d'immigrants et de réfugiés, des gens qui vivent des situations extrêmement difficiles, combinée à des gens qui sont tout simplement pauvres, gravitant autour des groupes environnementaux à Wolseley.

Et puis, tout le monde veut te voir. Et quand je dis que tu dois dormir dans ton bureau si tu veux rencontrer tout le monde et tenter de répondre à leurs besoins, c'est vraiment, vraiment difficile en tant que député. Je crois en fait que c'est presque insupportable; heureusement que je n'ai fait qu'un seul mandat, pour être honnête. C'est presque trop à gérer pour une seule personne.

Merci.

La présidente : Merci. Merci pour votre exposé.

R. Ouellette : [En cri. Traduction indisponible.] Hay-hay.

La présidente : Merci.

Et donc la prochaine personne que je vois ici sur la liste est Doug Eyolfson.

Douglas Eyolfson: Bon, nous y sommes. Est-ce que vous me voyez et m'entendez?

La présidente : Nous vous entendons. Oui, allez-y.

D. Eyolfson : D'accord, super. Merci.

Bon, eh bien, merci à la commission pour l'excellent travail de tout le monde et pour cette occasion que vous m'offrez. Je ne m'en cacherai pas, j'ai été député de la circonscription de Charleswood–St. James–Assiniboia–Headingley de 2015 à 2019, et j'étais le candidat du Parti libéral en 2019 et 2021. J'ai travaillé avec

Gloria Kelly, qui a fait un exposé tout à l'heure, et je dois dire que même s'il y a de nombreuses similitudes dans nos exposés, nous n'avons pas, en fait, coordonné la rédaction de nos exposés.

La circonscription de Charleswood–St. James–Assiniboia–Headingley représente le côté ouest de la ville de Winnipeg et la municipalité rurale de Headingley. La population de la circonscription est de près de 85 000 personnes actuellement. Quatre-vingt-quinze pour cent de la population de la circonscription vit actuellement à l'intérieur des limites de la ville de Winnipeg. Parmi les 5 % qui vivent à Headingley, beaucoup sont employés localement dans la municipalité rurale, tandis que beaucoup d'autres travaillent, en fait, dans les limites de la ville – dans les limites de la ville de Winnipeg – et font une grande partie de leurs achats et accèdent aux services dans les limites de cette ville.

Ainsi, avec la délimitation actuelle, la circonscription est majoritairement suburbaine, composée de quelques grands quartiers de banlieue et d'entreprises de différentes tailles, allant de petites exploitations locales à de grandes entreprises manufacturières. On trouve également dans la circonscription l'aéroport international Richardson et bon nombre des services de soutien qui y sont associés.

Je pense que le déplacement proposé de la limite sud-est de la circonscription, qui est actuellement le boulevard Shaftesbury, est acceptable. Le nouveau secteur, provenant de Winnipeg-Centre-Sud, qui serait inclus est également suburbain, et les gens qui y vivent auraient en grande partie les mêmes préoccupations que les résidents de banlieue de la circonscription. Cependant, l'expansion vers l'ouest ne serait ni acceptable ni juste pour les résidents des secteurs de Saint-François-Xavier, de Cartier et de la municipalité régionale de Portage la Prairie, qui seraient désormais inclus dans la circonscription.

La zone en question est presque exclusivement rurale et la population a de nombreuses perspectives différentes qu'elle n'aurait pas en commun avec ses concitoyens qui vivent dans les limites de la ville. De plus, de nombreux résidents auraient un trajet disproportionnellement long à parcourir par rapport à leurs concitoyens de banlieue s'ils avaient besoin de se rendre au bureau de circonscription de leur député.

Les résidents de cette zone nouvellement incluse auraient l'impression de ne pas être correctement représentés au fédéral, puisqu'ils représenteraient une toute petite proportion d'une circonscription majoritairement suburbaine. Si l'expansion de la partie sud-est n'est pas suffisante numériquement, il serait beaucoup plus approprié et plus juste d'étendre au nord de la rivière Assiniboine la limite est de la circonscription, qui se trouve actuellement sur le chemin Ferry. Une grande partie de ce qui est connu sous le nom de St. James se trouve actuellement dans Winnipeg-Centre. Si cette limite était déplacée vers l'est à partir du chemin Ferry pour inclure une partie de St. James qui se trouve dans Winnipeg-Centre, les résidents qui vivent actuellement dans une circonscription urbaine-suburbaine continueraient de vivre dans une circonscription de banlieue et auraient plus de préoccupations en commun avec leurs concitoyens.

Si toute la zone, des deux côtés de Portage, compte trop de résidents, peut-être que déplacer la limite le long de Portage et n'inclure qu'un côté, soit le côté nord ou le côté sud de l'avenue Portage jusqu'à la rue St. James, pourrait mieux équilibrer les choses numériquement.

Voilà, sur ce, je voudrais vous remercier pour l'occasion que vous m'avez donnée de faire ce bref exposé et je serai heureux de répondre à toutes vos questions.

La présidente : Merci. Je n'ai pas de question.

Est-ce que quelqu'un d'autre a une question à poser? Non.

Merci d'avoir pris le temps de venir témoigner aujourd'hui. Merci.

D. Eyolfson : Merci.

La présidente : Alors, je vais juste voir s'il y a quelqu'un – Yves Hacault n'est toujours pas là, à l'audience. Il s'était inscrit pour prendre la parole; Craig Howse non plus n'est pas là, et il s'était inscrit pour prendre la parole. Nous avons donc eu deux absences.

Je vois qu'il y a encore des gens dans la réunion. Comme je l'ai indiqué au début, nous avons un peu de temps, si quelqu'un, une personne qui s'est inscrite comme observateur, souhaite dire quelques mots à la commission ce soir, n'hésitez pas à lever la main virtuellement, et nous verrons si nous pouvons vous accueillir.

Très bien. Je ne vois aucune main levée, alors j'aimerais profiter de ce moment pour remercier tous ceux qui sont présents, soit en tant que participants, soit simplement en tant qu'observateurs ce soir, pour avoir pris part au processus. Je sais que mes deux collègues ont peut-être quelque chose à dire, mais je n'en suis pas sûre. Non?

Alors, encore une fois, merci beaucoup. La commission vous a entendus. Nous tiendrons compte de tous vos exposés et de toutes vos recommandations. Et merci pour cette merveilleuse rencontre.

Bonne soirée.

Fin de l'audience.